jeudi 21 novembre 2013

La bataille de Saint-Marcel de la Liberté


 

La bataille de Saint-Marcel de la Liberté

Voici quelques précisions sur cette affaire de la bataille de Saint-Marcel. Il s'agit du témoignage d'un feldgendarme Von Straberguen de Ploërmel. Confirmé par une enquête de police menée en 1948. Deux groupes de la Feldgendarmerie sont intervenus à Saint-Marcel : le groupe 790 de Ploërmel et le groupe 750 de Vannes.
"Le dimanche 18 juin dans la matinée, 3 voitures ayant à leur bord 5 hommes sont parties de Ploërmel pour se rendre à Malestroit afin d’y surveiller le chargement d’un train de bétail. Ces voitures n’ont pas emprunté la route directe, elles ont fait un crochet par la Chapelle-Caro et le Roc-Saint-André pour passer ensuite par une route longeant le canal de l’Oust et conduisant à Malestroit.
En cours de route, ils tombèrent sur les barrages du maquis de Saint-Marcel, dont ils ignoraient l’existence. Un combat s’engagea immédiatement, mais devant la supériorité numérique du maquis, les feldgendarmes tentèrent de prendre la fuite. 12 hommes furent tués, 2 faits prisonniers et un seul, le feldgendarme Von Straberguen, fut blessé aux jambes et réussit à s’échapper, gagna le Roc-Saint-André où il donna l’alarme. L’unité stationnée au Roc-Saint-André téléphona à la compagnie de Malestroit pour la mettre au courant des incidents qui venaient de se dérouler. La compagnie stationnée à Malestroit partit seule à l’attaque mais devant la supériorité du maquis de Saint-Marcel, elle dut à son tour se replier et gagna le Roc-Saint-André. Dans la soirée les deux unités sont reparties à l’attaque du maquis, mais sans résultat. Dans la journée du 19, des renforts furent demandés au Feldkommandant  Schouls de Vannes. Renforts qui n’arrivèrent sur place que le lendemain, très tôt dans la matinée.
De grands combats se déroulèrent, mais la plupart des parachutistes avaient évacué le camp et les combats se terminèrent le 20 juin 1944."
Ce témoignage sera confirmé par le feldgendarme Von Straberguen, en traitement à l’hôpital d’Auray après sa blessure, et par les deux prisonniers feldgendarmes libérés par la troupe allemande alors qu’ils se trouvaient retenus prisonniers dans une maison de Saint-Marcel.

Romano

 

Le camp de Voves en 1944


Le camp de Voves en 1944

Le camp de Voves, aménagé en 1939 pour accueillir un centre d'instruction de la DCA, est utilisé en 1940 et 1941 par l'armée allemande pour le regroupement de prisonniers de guerre français.

A la fin de 1941, les autorités françaises cherchent à déplacer le camp d'Aincourt, dans l'actuel département du Val-d'Oise, où sont internés depuis octobre 1940 des militants communistes de la région parisienne.

C'est dans ce but que l'armée d'occupation accepte de restituer à l'administration française le camp de Voves. Le 5 janvier 1942, un premier groupe d'internés arrive d'Aincourt à Voves pour remettre les lieux en état.

Durant les mois d'avril et de mai suivants, des arrivées massives marquent le début du fonctionnement réel du camp. Les premiers internés viennent non seulement du camp d'Aincourt mais aussi de ceux de Gaillon, dans l'Eure, et de Châteaubriant, en Loire-Atlantique. D'autres transferts suivront, notamment en provenance des camps de Rouillé, dans la Vienne, d'Ecrouves, en Meurthe-et-Moselle, et de Pithiviers, dans le Loiret.

La grande majorité des internés est constituée de "politiques", principalement des militants communistes, mais quelques-uns sont, pour reprendre le vocabulaire de l'époque, des "indésirables", essentiellement des étrangers, et des "droit commun", trafiquants du marché noir ou repris de justice.

L'histoire du camp est marquée par l'importance du rôle joué par la direction politique communiste, bien sûr clandestine. Dans le but de former des cadres politiques et militaires pour la Résistance, elle crée une véritable université et organise des représentations théâtrales et des compétitions sportives. De façon plus dramatique, les prélèvements d'otages et les transferts d'internés vers les camps de concentration d'Auschwitz et de Mauthausen ainsi que plusieurs évasions spectaculaires ont également marqué l'histoire ce camp.

Dans la nuit du 5 au 6 mai 1944, quarante-deux internés s'évadent par un tunnel de cent quarante-huit mètres de long, creusé à partir de la baraque des douches et qui descend à deux mètres de profondeur pour passer sous la clôture du camp. Un détachement de SS prend alors le contrôle du camp et, le 9 mai, la totalité des internés est transférée à Compiègne, puis, quelques semaines plus tard, dans le camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg.

Il n'y aura que peu de survivants…D'août 1944 à 1947, le camp est à nouveau utilisé, cette fois pour accueillir des prisonniers de guerre allemands.

 

L'exode : de la zone Nord à la zone Sud


L'exode : de la zone Nord à la zone Sud

De 1940 à 1943

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Français s’exilent vers le sud de la France. D'abord, il y le grand exode en mai 1940 puis tout au long de la guerre. L’occupant fait peur aux Français ce qui les pousse à partir.

La perte de la guerre par les troupes française et l’envahissement de la France par les Allemands, poussent les Français, du Nord de la France, à s’exiler. Entre sept à huit millions de Français quittent tous : maisons, travails…, pour aller dans le Sud de la France où ils se croient en sécurité. Le chemin est très long et pénible. Ils doivent finir à pied, car les routes sont trop encombrées. De plus, les Allemands bombardent les routes où sont regroupés les Français en exil. La peur fait courir les gens vers les bois. Ils se réfugient dans les fermes des campagnes, elles aussi attaquées systématiquement. Des grappes de civils aux visages épuisés quittent les carrefours, abandonnant leurs brouettes et leurs chars à bancs, ils se cachent derrière les moindres taillis, se jettent dans les fossés dès qu’ils entendent le bruit de sirène des avions stukas en piqué.
Les militaires se rendent aux premiers véhicules allemands qui surgissent, noirs de poussière. Regroupés hâtivement, ils partent à pied, sans gardiens, en troupeau, sans savoir où ils vont, prenant à rebours la route des chars, aidant quelquefois les Allemands à dégager la route, en poussant les véhicules français dans les fossés.
Ce n’est pas seulement les Français qui fuient. Les juifs, Français, s’exilent aussi parce qu’ils sont menacés. Ils savent que les Allemands les persécutent, pour cela ils vont dans la zone qui n’est pas occupée par ces derniers : la zone libre dirigée, par Pétain. Ils ne peuvent pas utiliser le train, car les Allemands surveillent les lignes. Certains prennent ce risque, car ils ont de faux papiers, ce qui leur permet de ne pas se faire arrêter par la police allemande, mais si le contrôleur remarque que la pièce d’identité est fausse alors la personne est arrêtée et risque d’être envoyée dans les camps de concentration. Certains passent la frontière de la zone libre à pied avec un passeur. Le problème c’est que ça coût très cher, en plus ils peuvent être arrêté à n'importe quels moments de la traversé. De nombreux juifs ont recours à cette méthode de traversée, pour aller vers la liberté.

Certains Français vont aussi faire cette traversée pendant la guerre, mais contrairement aux juifs, ils ne sont pas clandestins. Ils ont le droit de se déplacer, mais c’est quand même risqué. Car, parfois les Allemands arrêtent des Français, sans raisons.

La fuite des grandes villes vers la campagne

Sur cette photographie, nous pouvons voir l’exode en direction de l'Ouest des Parisiens face à l'avancée des troupes allemandes, en juin 1940. 5 millions de personnes fuirent leur foyer pour échapper à l'envahisseur, et 2 millions quittèrent la région de Paris. En quelques jours, par exemple, le XIVe arrondissement de la capitale perdit 129 000 de ses 178 000 habitants.
Dans l’œuvre de Marie Chaix, Juliette chemin des cerisiers, on peut se rendre compte qu’à la campagne, les conditions de vie étaient difficiles. En effet, dans ce livre, une famille va habiter chez la mère d’une domestique durant cette période. Ils habitent à plusieurs dans un espace réduit, doivent se partager une faible quantité d’alimentation, et cela pour échapper au danger des grandes villes et pour pouvoir survire dans des lieux souvent plus sûrs

Romano

 

Situation du front de l’ouest en 1944


Situation du front de l’ouest en 1944

Alors que Patton voulait foncer vers Brest et Lorient à marche forcée, en profitant à plein de l'appui tactique de la résistance bretonne survoltée, Bradley, plus prudent - et dont les troupes étaient éprouvées par l’équipée normande - s’était méfié d'une contre-offensive sur ses flancs ou ses arrières ; il avait préféré envoyer Grow s'emparer de Saint-Malo et de Morlaix avant d'attaquer Brest, et il avait détourné Wood de Lorient pour investir d'abord Rennes et Vannes. Middleton qui commandait le 8è corps, englobant les deux divisions blindées, ne parviendrait jamais à trancher entre ces deux plans… Alors qu’ils étaient engagés dans la tactique définie par Patton, il donna l'ordre à ses deux divisionnaires de stopper leur progression et d'adopter le plan de Bradley. Grow devrait donc faire un détour par Dinan. Quant à Wood, déjà auréolé de la prise d’Avranches et ne souhaitant pas moisir en Bretagne, il avait foncé vers le sud et déjà atteint Derval le 3 août, Châteaubriant le 5. Des éclaireurs étaient même parvenus aux portes de Nantes… Lorsqu’on lui ordonna de tourner casaque !… Mais il faudrait attendre les camions d’essence pendant deux jours pour réexpédier Clarke de Derval vers Vannes, et Dager, de Châteaubriant vers Lorient !

Les conséquences de cette reculade furent irrémédiables pour les poches de l’Atlantique. Alors que l'amiral Matthiae n'aurait sans doute pas sacrifié ses équipages de Kriegsmarine dans un combat inégal et aurait sans doute rendu les clés de Lorient, l'arrivée de Fahrmbacher et de sa Wehrmacht changea la donne. Commandant en chef des troupes de l'ouest depuis un mois, Fahrmbacher était un homme de décision, un chef militaire redoutable, tout dévoué à son Fürher. Il mit ces quelques heures de répit à profit pour réorganiser ses vingt-cinq mille soldats et marins - dont pourtant, seulement un sur dix savait se battre à terre - derrière les défenses des installations portuaires et de la base sous-marine de Lorient, le repaire inexpugnable d'où étaient partis durant toute la guerre les raids mortels des U-Boote. Lorsque Patton, furieux, donna l'ordre de virer de bord et de reprendre la marche sur Lorient et Brest, on avait perdu vingt-quatre heures... Vingt-quatre heures qui coûteraient sept semaines d'enfer aux populations de Brest, neuf mois d'angoisse et de destructions à celles de Lorient, Saint-Nazaire, la Rochelle et Royan. Il est vrai que sur le grand échiquier de la guerre, ces cases oubliées semblaient de peu de valeur.

Ce qu’ignoraient sans doute tous ces généraux, c'est que dans la nuit du 4 août, Monty avait télégraphié à Londres que la situation en Bretagne était somme toute satisfaisante, que les troupes engagées suffiraient à la tâche et que la partie se jouait à l'Est. Alors que Fahrmbacher repoussait l'ultimatum US et contre-attaquait vers Auray et Vannes pour maintenir ses lignes de communication avec Saint-Nazaire, les blindés de Wood rappelés par Patton l'en empêchaient, prenaient Vannes et fonçaient enfin vers Lorient où les deux cent canons d’artillerie de marine avaient déjà été retournés vers le continent tandis qu’à Hennebont, les Allemands avaient fait sauter le pont sur le Blavet. Devant une telle ceinture de feu, il aurait fallu un appui aérien et de l’infanterie… Les blindés US firent la pause, négligeant l’appui tactique que constituaient les bataillons FFI. Ceux-ci, pourtant, ne se laissant pas impressionner, franchirent la rivière, s'emparèrent d’Hennebont puis des hauteurs de Caudan dominant le port de Lorient… Avant d’attendre neuf mois pour camper sur le quai des Indes.

Pour les FFI et FTP bretons, cette reculade ne serait jamais admise ; de même que les blessures de Saint-Marcel et du débarquement fantôme de Quiberon ne seraient jamais cicatrisées. Jusqu’à la fin, ils auraient une revanche à prendre et ils se méfieraient des tergiversations d'état-major. Rappelons en effet que dans la nuit du 5 au 6 juin 44, soit six heures avant le débarquement en Normandie - et alors que Saint-Nazaire essuyait de violents bombardements de diversion - plusieurs commandos parachutistes furent largués sur le Morbihan et les Côtes-du-Nord… Avec l'aide de la résistance locale, ils avaient pour mission de sécuriser deux zones de parachutage destinées à accueillir un régiment complet avec l'armement adéquat… * Tout cela en prévision d'un débarquement bis sur la presqu'île de Quiberon qui fixerait dans cette région des divisions allemandes qu'on enverrait sinon sur le front normand ! Rien de moins. Consignes contradictoires, chicaneries entre FTP et FFI sur la répartition des armes, manque d'esprit de suite de l'état-major allié, l’opération tourna au fiasco. On avait créé dans les rangs de la résistance bretonne un espoir insensé. Dans l'enthousiasme et l’improvisation, elle avait été conduite à de multiples imprudences dont les conséquences seraient désastreuses. C'est dans ce cadre que s'inscrivit la défense du maquis de Saint-Marcel entre le 18 et le 20 juin 44 et que s’abattirent les représailles sur les populations riveraines de cette « petite France » faussement libérée. Comme on le rééditerait un mois plus tard dans le Vercors, on venait d’engager des milliers d’hommes sous-équipés dans un combat perdu d’avance.

 

mercredi 20 novembre 2013

Tarte aux fruits rouges et crème pâtissière


Tarte aux fruits rouges et crème pâtissière
1 tarte-1 fond de tarte cuit-400 g. de fruits rouges au choix (framboises, fraises, mûres, etc.)-Sucre glace
Crème pâtissière : -3 jaunes d’œuf-50 g. de sucre
450 ml de lait -50 g. de farine-1 gousse de vanille
Cuire le fond de tarte et réserver.
Préparer la crème pâtissière :
Dans un bol, fouetter les jaunes d’œufs et le sucre jusqu'à ce que le mélange blanchisse. Ajouter progressivement la farine, puis la moitié du lait froid (225 ml) et réserver.
Dans une casserole, faire chauffer le restant du lait (225 ml) avec les grains de vanille sur feu moyen-fort. Ajouter le contenu du bol progressivement et cuire jusqu'à épaississement de la crème (environ 5 minutes) en mélangeant constamment avec le fouet.
Verser la crème sur le fond de tarte et laisser figer au réfrigérateur 2 à 3 heures.
Ajouter les fruits rouges et saupoudrer de sucre glace au moment de servir.

 

1057: la bataille de Varaville


1057: la bataille de Varaville

Il y a 950 ans, le 22 mars 1057, eut lieu la plus grande victoire Normande sur l'armée française. Avec seulement une centaine d’hommes Guillaume le Conquérant terrassa les milliers de soldats de l’armée française (mais aucun mots dans les livres historiques et encore moins dans les manuels scolaires !).
En peu de temps la Normandie subit plusieurs attaques de la part des français. Tout d’abord lorsque le comte d’Anjou, Geoffroi Martel, s'empare du Mans, remonte vers Domfront et Alençon avec l’intention d’annexer la Normandie. Guillaume le Conquérant assiège alors Domfront en 1052 puis reprend Alençon, la victoire est totale. Deux ans plus tard, en 1054, le roi de France attaque la Normandie au nord et au sud à l'aide de deux armées. Le frère du roi est défait à Mortemer, l’armée française est anéantie et la seconde armée qui devait venir en renfort est interceptée et défaite à Varaville ! Le roi de France, Henri Ier, s’inquiète de la montée en puissance des normands. Outre que le roi d’Angleterre est l’oncle de Guillaume, son mariage avec Mathilde de Flandre fait de lui un homme puissant et influent (Mahaut, la fille du fils de Guillaume, épousera d’ailleurs l’empereur d’Allemagne). Le roi de France en décrète donc qu'il faut envahir à nouveau la Normandie. En février 1057, l’armée du roi de France et troupes de Geoffroy Martel se réunissent à Angers pour attaquer la Normandie. Elles avancent sans coup férir jusqu’au nord de Caen, pillant et incendiant les villages autour de la capitale. Contre cette armée de plusieurs milliers d'hommes, Guillaume qui a quitté Falaise pour Bayeux n'a pu rassembler que quelques centaines de chevaliers. Il n'a aucune chance dans une bataille rangée mais, fin tacticien, il sait que pour regagner sa capitale, le roi devra franchir les marais de la Dives, inondés en cette saison. Une seule route reste hors de l’eau entre Varaville et Périers. De Bayeux il fonce sur la route parallèle à la côte, franchit l'Orne, camoufle sa troupe dans les bois de Bavent et attend le moment propice, non sans ameuter les paysans du voisinage qui s’arment de pieux, de fourches et de bâtons.
Le 22 mars (équinoxe de Printemps) avant l’aube l’avant garde royale traverse Varaville et s’engage sur la chaussée longue de 4 Km. L’armée française avance en rangs serrés, ralentie par le lourd butin quelle traîne dans ses chariots. C'est alors que Guillaume donne le signal de l’attaque. On peut penser qu'elle a lieu sur deux points à la fois. A partir de Varaville, contre l’arrière garde, elle condamne toute tentative de repli. Au sud une charge de cavaliers traverse les marais à partir de Robehomme ou de Petiville.
L'armée du roi est prisonnière de la chaussée dont l’étroitesse interdit toute manœuvre. Attaquée au sud, elle ne peut reculer. Au nord affleurant la chaussée qui forme la digue, s’étend une immense lagune que la marée d’équinoxe a remplie entièrement. Reste une seule issue à l’est, le pont de bois sur la Dives. La panique provoque une telle ruée sur le pont qu'il s'effondre, entraînant dans la Dives, hommes, chevaux et chariots. Ce fut un prodigieux Massacre.
Spectateur impuissant, le roi de France, réfugié sur une colline avec son avant-garde, seuls survivants, s’enfuit. Guillaume le talonna jusqu’au-delà des frontières normandes ! Le prestige et l’autorité du jeune Duc sortent affermis par cet audacieux coup de maître. Il en aura besoin neuf ans plus tard quand dans cette même lagune de Varaville il rassemblera la flotte qui devait le conduire au trône d’Angleterre.

Romano

 

Des documents aux marges de l’Histoire


Des documents aux marges de l’Histoire

Nantes était libérée depuis le 12 août 44, Paris, depuis le 25 août. À partir du 5 février 1945, plus aucun soldat allemand sur le sol français… Hors mis dans les poches de l’Atlantique. Cinq poches où étaient enfermés avec 120 000 soldats allemands, 150 000 civils qui devraient attendre leur libération jusqu’au 8 mai 1945 et même jusqu’au 11 pour la poche de Saint-Nazaire, la plus peuplée et la dernière libérée. Une bizarrerie de l’histoire sur laquelle l’histoire officielle ne s’est pas encore vraiment penchée. De la Hollande jusqu’à l’Espagne, outre les forteresses hollandaises et les îles anglo-normandes, se succédaient en effet les poches de Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire, la Rochelle-La Pallice et les poches de Gironde (Royan, le Verdon, Gironde nord et sud).

Dans la poche de Saint-Nazaire prenant la forme d’une zone quasiment circulaire d’un rayon de 25 kilomètres, se trouvaient enfermés près de 130 000 civils et 30 000 soldats allemands… gardés par 16 000 FFI. Au sud de la Loire, la poche s’étendait sur 11 communes du nord pays de Retz : Frossay, Saint-Viaud, Paimbœuf, La Sicaudais, Saint-Père-en-Retz, Saint-Brévin, Saint-Michel-Chef-Chef, Tharon, La Plaine, Sainte-Marie et Pornic. Y étaient enfermés 22 000 civils avec 9 000 soldats allemands. Au nord de la Loire, une zone plus vaste incluant la Festung de Saint-Nazaire, longeait un arc partant de la Roche-Bernard, suivant la rive sud de la Vilaine et bifurquant le long du canal de Nantes à Brest pour aboutir à la Loire à la hauteur de Cordemais.

Ces 9 mois d’occupation supplémentaire allaient laisser beaucoup d’amertume aux populations empochées qui mirent beaucoup de temps avant de revenir sur ces souffrances et ces humiliations. Combien de fois ai-je entendu dans la bouche de mes témoins : « On a été oublié, et en plus on a voulu nous faire honte » ! Il faut dire que dans la ville de  Nantes libéré de Noël 44, on ne parlait guère des empochés ou, pire, certains parlaient des « Collabos de la poche » ! À la mi-janvier 1945, de Gaulle lui-même, venu décorer la ville de Nantes, s’inquiéta du sort des FFI encerclant la poche mais n’eut pas un mot pour les civils assiégés.  Rien d’étonnant à cela, de Gaulle n’à jamais été un sentimental

Je n’ai pourtant pas noté de collaboration avérée. Du marché noir alimentaire, bien sûr, comme partout, mais surtout une grande solidarité rurale, et en tout cas très peu de collaboration politique et encore moins militaire. Au contraire, à chaque fois qu’on l’a pu, on a transmis aux FFI les informations sur les positions, les habitudes et les forces de l’ennemi, et j’ai découvert beaucoup d’actes de résistance individuelle accomplis par des héros ordinaires de tous âges, dont beaucoup de femmes et parfois même des enfants.

Sans doute faut-il reconnaître des connivences sécuritaires ou alimentaires avec un ennemi couchant sous le même toit et, par la force des choses, partageant des intérêts communs, depuis le pain, le vin, le lait et la viande jusqu’à l’abri protégeant des balles et des obus. Une inquiétude commune taraudait l’esprit des occupants et des occupés : « Comment cela va-t-il finir ?… Comme à Royan, sous un tapis de bombes » ? Et les bombes ne feraient pas de différence entre Français et Allemands ! Mais cette angoisse commune ne constitue pas une illustration très convaincante d’un syndrome de Stockholm avant l’heure

Dans cette mémoire meurtrie et encore mal consolée, on trouve bien sûr le souvenir des privations de ce dernier hiver : la faim, le froid, le manque de lumière, la peur quotidienne de la balle perdue ; le souvenir des victimes collatérales de la guerre, comme ces 15 paysans tués lors de la catastrophe du Boivre à quelques semaines de la Libération ; tous les morts civils sous les obus, les bombes ou les tirs, allemands parfois, mais surtout français, destinés sans doute à l’ennemi, mais fauchant aussi des civils se trouvant au mauvais endroit dans cette poche en peau de léopard où les cantonnements allemands s’imbriquaient avec les villages français. Mais il y a surtout le souvenir pour des centaines de familles, de l’expulsion de leurs fermes, du pillage et de la destruction de leurs biens, et pour tous, le sentiment d’un abandon et d’une cicatrice historique mal fermée