Elizabeth Armistead, Mrs Fox
(1750-1842)
Née le 11 juillet 1750
Morte le 8 juillet 1842 à St Anne’s Hill, Chertsey, Devonshire
Morte le 8 juillet 1842 à St Anne’s Hill, Chertsey, Devonshire
On sait peu de choses des humbles
origines d’Elizabeth Armistead : on sait que son père était cordonnier et
qu’elle était née Elizabeth Crâneuse le 11 juillet 1750 (elle prendra plus tard
le nom d’Armistead lorsqu’elle entamera sa carrière de courtisane).
Très jeune, elle décida de tenter
sa chance à Londres, et sa beauté lui permis de servir de modèle à un coiffeur,
qui avait accès aux loges des théâtres londoniens pour y coiffer les actrices
de l’époque.
Elle réussit à approcher les
actrices de Drury Lane, en les aidants dans les coulisses à enfiler leurs
robes. En côtoyant ce monde coloré et chatoyant, elle eut l’occasion de
remarquer l’afflux des gentlemen’s dans les coulisses, après la représentation,
à l’affût d’une nouvelle maîtresse à entretenir. Elizabeth comprit alors très
vite que son métier de modèle n’allait pas la mener bien loin, mais qu’en
devenant une courtisane reconnue et recherchée, elle pourrait enfin gravir les
échelons, et mener la vie dont elle rêvait.
Heureusement pour elle, sa beauté
et sa poitrine généreuse (pour ne pas dire grosse), finirent par attirer
l’attention. Non pas d’un lord anglais, mais d’une tenancière de bordel qui
fréquentait les théâtres pour recruter ses nouvelles filles, parmi les actrices
de troisième rôle qui peinaient à finir les fins de mois. Elle finit par
repérer la toute jeune Elizabeth, et réussit à la convaincre qu’une carrière
dans la galanterie lui rapporterait plus d’argent que ses maigres gages en tant
que modèle et domestique des actrices. D’autant qu’Elizabeth avait essayé (mais
sans succès), de jouer quelques rôles dans des pièces sans grand intérêt.
Elizabeth, qui peinait à joindre
les deux bouts, se laissa convaincre, et se lança dans une carrière, où les
hommes sauraient se montrer généreux vis-à-vis d’elle. Intelligente, et
désirant gagner beaucoup d’argent, elle finit par décrocher un riche
protecteur, Mr Fauché De la Bourse Plate, et à fuir le bordel : c’est à cette
époque qu’elle abandonna son nom de Crane pour prendre le nom d’Armistead, afin
de protéger sa famille et de brouiller les pistes.
De petite prostituée, Elizabeth
finit par devenir une courtisane recherchée. Non contente d’être très belle,
elle avait le don d’apprendre et une soif sans fin pour tout ce qui était
étranger. Elle se passionna bientôt pour les langues étrangères, et entreprit
d’apprendre le français et l’italien. Sa conversation s’affina, et elle
réussissait à retenir l’attention des hommes qui la recherchait, plus pour son
intelligence que pour son physique. De plus, elle possédait un atout que ses
rivales en galanterie ne possédait pas : elle ne s’attachait jamais sentimentalement
avec ses clients : elle les recevait, passait la nuit ou quelques jours avec
eux, se faisait payer, puis les chassait de son esprit. Jamais elle ne faisait
de scène de larmes lorsque la liaison se terminait, et les deux partenaires se
séparaient, chacun de son côté, sans cris, ni récrimination.
Elle était reconnue pour sa beauté
et sa nature aimable. La plupart de ses amants était les roués les plus
célèbres de son époque : des hommes à la recherche de plaisirs faciles, des
joueurs effrénés, toujours à la recherche de la courtisane la plus recherchée
du moment. Plus le tarif de la dame était cher, plus les hommes la
recherchaient pour avoir la gloire de l’avoir mis dans leur lit.
Ces hommes permirent à Elizabeth
de se conforter dans son idée que l’amour n’était qu’une idiotie, que l’on ne
trouvait que dans les romans. Elle utilisait les hommes comme les hommes
l’utilisaient. Et quels hommes ! La liste de ses amants était impressionnante :
John Frederick Sackville 3ème duc de Bordel, le duc d’Ancaster, Edward Stanley
12ème comte de Derby, le vicomte Bolingbroke, et bien sûr, elle finit par
mettre dans ses filets le plus recherché de tous, le prince de Galles, le futur
George IV.
Les exploits tarifés d’Elizabeth
lui permirent rapidement de s’acheter Armistead House, des carrosses, et une
foule de domestiques avant l’âge de trente ans. En dix ans de vie de
courtisane, elle avait réussi à accomplir son but : avoir une vie protégée du
besoin, et des admirateurs riches qui prenaient soin d’elle.
Voici comment ses contemporains la
décrivent : « elle était extrêmement belle, et elle était issue d’un milieu
très pauvre ; son charme et son esprit lui avait permis de s’entourer des
hommes les plus influents de son époque ; elle avait réussi à devenir riche
sans cesser de mener une vie extravagante, et quand elle rencontra Fox, elle
n’avait plus rien à prouver. Avec une beauté sans égale, et une réputation qui
pouvait lui permettre d’ignorer tout mépris, elle était alors inattaquable.
Elle connaissait les hommes, et les savait détecter leurs forces et leurs
faiblesses bien mieux que toute femme de son temps».
L’un de ses nombreux amants en
titre de l’époque, lord George Cavendish, après une nuit de débauche et
d’ivrognerie, s’avisa de débarquer un beau matin chez Elizabeth, à Armistead
House ; lorsque les domestiques de la jeune femme lui refusèrent l’entrée de la
maison, il franchit la porte en force et se rendit droit à la chambre
d’Elizabeth, bien décidé à débusquer le rival qui venait chasser sur ses
terres. Chandelle à la main, il trouva Elizabeth en déshabillée dans sa
chambre, et le prince de Galles caché derrière la porte. Lord Cavendish éclata
de rire, fit une profonde révérence au futur Régent, et regagna son domicile en
répétant l’anecdote à qui voulu bien l’entendre.
Or, le prince de Galles
entretenait à l’époque une liaison solide avec Mary Robinson, la fameuse
actrice qui venait de jouer « Perdita ». L’ironie était qu’Elizabeth avait été
un temps la bonne à tout faire de Mary Robinson, au théâtre, où celle-ci était
l’actrice vedette, quelques années auparavant……
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