La Belle et la Bête
Voyez ce que produit l’orgueil de cette petite créature, disaient-elles. Que ne demande-t-elle, des robes comme nous : mais non, mademoiselle voulait se distinguer ! Elle va causer la mort de notre père et elle ne pleurera pas. –Cela serait fort inutile, reprit la Belle, pourquoi pleurerais-je la mort de mon père ? Il ne périra point. Puisque le monstre veut bien accepter une de ses filles, je veux me livrer à toute sa colère et je me trouve fort heureuse puisqu’en mourant j’aurai la joie de sauver mon père et de lui prouver ma tendresse.
-Non ma sœur lui dire les trois frères, vous ne mourrez pas car nous irons trouver ce monstre, nous périrons sous ses coups si nous ne pouvons le tuer. –Ne l’espérez pas mes enfants, leur dit le marchand ; la puissance de la Bête est si grande qu’il ne me reste aucune espérance de la faire périr. Je sui charmé du bon cœur de la Belle, mais je ne veux pas l’exposer à la mort. Je suis vieux et il ne me reste que peu de temps à vivre ; ainsi je ne perdrai que quelques années de vie que je ne regrette qu’à cause de vous mes chers enfants.
-Je vous assure, mon père, dit la Belle, que vous n’irez pas à ce palais sans moi, car vous ne pouvez m’empêcher de vous suivre, là ou vous irez, j’irai aussi. Elle ajouta : quoi que je sois jeune, je ne suis pas attachée à la vie, et j’aime mieux être dévorée par ce monstre que de mourir du chagrin que me causerait votre perte, votre mort. On eu beau dire, la Belle voulut absolument partir pour le beau palais ou habitait le monstre, ses sœurs en étaient charmées parce que les vertus de cette cadette leur avaient inspiré beaucoup de jalousie.
Le marchand était si occupé à la douleur de perdre sa fille, qu’il ne pensait pas au coffre qu’il avait rempli d’or ; mais aussitôt qu’il se fut enfermer pour se coucher, il fut bien étonné de le trouver au pied de son lit. Il résolu de ne point dire à ses enfants qu’il était devenu riche, parce que ses filles auraient voulu retourner à la ville pour y vivre et qu’il était résolu de mourir dans cette campagne, mais il confia ce secret à la Belle qui lui apprit qu’il était venu quelques gentilshommes pendant son absence, qu’il y en avait deux qui aimaient ses sœurs. Elle pria son père de les marier ; car la Belle était si bonne que, malgré leurs défauts, elle les aimait et leur pardonnait de tout son cœur le mal qu’elles lui avaient fait. Ces méchantes filles se frottèrent les yeux avec un oignon pour pleurer lorsque la Belle partit avec son père ; mes ses frères pleuraient pour de bon aussi bien que le marchand, il n’y avait que la Belle qui ne pleura point parce qu’elle ne voulait pas augmenter leur douleur.
Le cheval s’engagea sur la route menant au palais et, sur le soir, ils l’aperçurent illuminé comme la première fois. Le cheval alla tout seul à l’écurie et le bonhomme entra avec sa fille dans la grande salle où ils trouvèrent une table magnifiquement servie, avec deux couverts. Le marchand n’avait point le cœur à manger quoi que ce soit, mais la Belle, s’efforçant de paraître tranquille, se mis à la table et le servit. Puis elle se dit en elle-même : la Bête veut m’engraisser avant de me manger puisqu’elle me fait faire si bonne chère.
Quand ils eurent soupé, ils entendirent un grand bruit. Le marchand dit adieu à sa chère fille en pleurant car il pensait que son heure était arrivée et que c’était la Bête. La Belle ne put s’empêcher de frémir en voyant cette horrible figure, mais elle ce rassura de son mieux et, le monstre lui ayant demandé si c’était de bon cœur qu’elle était venue, elle lui dit oui en tremblant. A suivre….
Josué Matthieu
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