Libye, 9 décembre 1940 - 9 février 1941
Opération Compass
À la suite de l'incursion italienne en Égypte, le général
Wavell programma une offensive pour le 9 décembre 1940. En profitant de
l'inactivité des troupes ennemies, Wavell et le général Wilson, commandant
l'armée d'Égypte, avaient réalisé un plan d'offensive minutieux baptisé
opération Compass. Celui-ci consistait à encercler les trois groupes de
résistance italienne : à Bardia, à Tobrouk et sur la ligne Derna-Berta-Mechili
et à les détruire. Seul un petit nombre de personnes connaissait son existence.
Le 26 novembre, sur le plateau près de Marsa-Matrouh, l'opération fut précédée
d'une répétition générale appelée "exercice d'entrainement numéro
un". Celui-ci devait être suivi par un "exercice d'entrainement
numéro deux". Les troupes britanniques commencèrent à manœuvrer le 6
décembre. Ce fut seulement le 7, après une nuit de bivouac dans le désert,
qu'on leur dévoila qu'il ne s'agissait pas d'un exercice mais d'une opération
bien réelle. En deux jours, les Britanniques parcoururent 100 km sans que les
Italiens ne s'en aperçoivent. Dans l'après-midi du 8 décembre, ils se
dirigèrent vers le lieu de rendez-vous, baptisé "Piccadilly", situé
au sud de Maktila et à environ 80 km à l'ouest de la route Matrouh-Sioua. À
17h, toutes les unités étaient en place. La 7e division blindée et
la 4e division indienne, qui avaient jusqu'alors fait route
ensemble, se séparèrent dans la nuit du 8 au 9. La 7e DB s'enfonça
vers l'ouest afin d'opérer derrière les lignes ennemies, vers le sud de la
route entre Sidi-Barrani et Buq-Buq, tandis que la 4e division
indienne se vit attribuer l'attaque initiale sur les camps de Ni-Beiwa et de
Toummar. Pendant que les troupes à terre progressaient, le monitor Terror et
les canonnières Alphis et Ladybird, bombardèrent Sidi-Barrani et Maktila.
Le 9 décembre, à 7 heures du matin, le camp italien de
Ni-Beiwa, à 30 km au sud de Sidi Barrani, était attaqué par les Britanniques.
Le général Maletti, commandant divisionnaire italien, fut tué durant l'attaque.
Au bout de deux heures de combat, Ni-Beiwa tomba aux mains des Britanniques. La
force Selby – composée de trois colonnes mobiles d'infanterie, d'un groupe de
véhicules blindés et de quelques canons de campagne et anti-aériens (au total 1
750 hommes) – après une progression difficile vers Maktila, se dirigea vers le
sud de manière à empêcher la garnison italienne de s'échapper. Mais une
violente tempête de sable se mit à souffler et les Italiens de Maktila en
profitèrent pour se retirer et se retrancher à environ 10 km à l'ouest afin de
défendre Sidi-Barrani. Le 10 décembre, les troupes britanniques se frayèrent un
passage vers Sidi-Barrani. De violents combats eurent lieu. La 16e
brigade et la 11e brigade indienne attaquèrent Sidi-Barrani par
l'ouest, à 16h. Avant la tombée de la nuit, ils avaient encerclé, avec l'aide
de la force Selby, ce qui restait de deux divisions libyennes et d'une division
de chemises noires
qui finirent par se rendre. C'est ainsi que se terminèrent les combats autour
de Sidi-Barrani. Dans la soirée, le général O'Connor ordonna à la 7e
division blindée d'avancer vers Buq-Buq le plus rapidement possible. De son
côté, Wavell prit la décision de remplacer la 4e division
d'infanterie par la 6e division d'infanterie australienne. Mais, une
seule brigade de cette dernière se trouvait sur place. L'offensive fut alors
ralentie.
La première phase de l'offensive de Wavell était terminée.
Pendant ces trois jours de combats, les Britanniques avaient capturé 38 000
Italiens et Libyens. Au soir du 12 décembre, les seuls Italiens se trouvant en
Égypte étaient ceux qui défendaient les approches de Solloum et un groupe
important aux environs de Sidi-Omar. Graziani donna l'ordre à ses troupes de
tenir Bardia et Tobrouk. Les Britanniques faisaient désormais mouvement vers
Bardia. Ils s'emparèrent de Capuzzo le 17 décembre. Le maréchal Graziani,
déprimé, envoya un message au Duce pour lui demander de concentrer toutes ses
forces pour la défense de Tobrouk et gagner ainsi du temps en attendant
l'arrivée de renforts. À cela, Mussolini répondit que tout devait être
entrepris pour retarder et épuiser les Britanniques. Une résistance prolongée à
Bardia y contribuerait. Le 20 décembre, les Britanniques étaient en possession
de Solloum et de Capuzzo. Les Italiens avaient pu rassembler autour de Bardia
l'équivalent de quatre divisions soit 45 000 hommes. Les approches de Bardia
étaient défendues par un fossé anti-chars, des fils barbelés, des blockhaus en
béton et de nombreux autres obstacles. Le 3 janvier 1941, les troupes de Wavell
se lancèrent à l'attaque de Bardia. Les opérations se déroulèrent comme prévu.
Au large, le Warspite, le Valiant et le Barkam apportèrent leur soutien. Après deux jours
de combats, Bardia se rendit. 38 000 Italiens furent fait prisonniers et un
très grand nombre de matériel capturé. Du côté Britannique, les pertes
s'élevaient à 500 hommes dont moins de 150 tués.
En moins d'un mois, huit divisions italiennes avaient été
anéanties. La Western Desert Force, rebaptisée 13e Corps le 1er
janvier 1941, commençait à rencontrer des difficultés dans sa poursuite des
unités ennemies. L'établissement des dépôts de ravitaillement devenait de plus
en plus problématique. De plus, le commandement de Sa Majesté, préoccupé par la
situation en Grèce, préleva trois escadrilles de "Hurricane" et une
de "Blenheim" sur les effectifs de la RAF au Moyen-Orient pour les
envoyer en Grèce. Les Britanniques avaient désormais pour nouvel objectif
Tobrouk qui fut attaqué le 21 janvier au matin. Le lendemain, Tobrouk tombait
aux mains des forces du général O'Connor. 30 000 hommes étaient fait
prisonniers et un grand nombre de matériel capturé. Le 22 au soir, sur toutes
les forces italiennes présentes au début de l'opération, il ne restait qu'une
seule division. Le 24 janvier eut lieu à Mechili une des premières batailles de
chars de la campagne. O'Connor donna l'ordre d'empêcher les Italiens de
s'échapper de Mechili mais les Italiens y parvinrent. Le 29 janvier, Derna
était abandonnée. Les Australiens s'en emparèrent, le 30. Avec l'autorisation
de Churchill, la poursuite des éléments italiens continua. Le 4 février, Msous
était britannique. Cependant, le carburant commençait à manquer. Le 6 février,
Benghazi était conquise. Wavell arrêta alors ses troupes tandis que quelques
patrouilles poussèrent jusqu'à Marsa-Brega, à la frontière de la Tripolitaine.
En deux mois, les 30 000 du général O'Connor avaient avancé
de 800 km, anéanti 10 divisions, capturés 130 000 hommes, 850 canons, 400 chars
et des milliers de camions et véhicules divers. Les pertes britanniques
s'élevaient à 438 tués, 1 249 blessés et 87 disparus. Churchill, certains que
les Italiens mettraient très longtemps à s'en remettre, envoya des troupes en
Grèce pour la soutenir dans sa lutte contre les Italiens et garda en Cyrénaïque
le strict nécessaire. Les Britanniques auraient pourtant pu pousser jusqu'à
Tripoli et chasser les Italiens de Libye afin de mettre un terme au combat en
Afrique du Nord : ce qu'ils regretteront par la suite.
Romano
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