Hitler et le 3ème Reich, les derniers
secrets
On croyait tout savoir sur Hitler et son
funeste Reich. Les livres sur ce sujet s'accumulent par milliers. De toutes
qualités. Parfois contradictoires. On veut faire la lumière ; souvent, on
obscurcit. Parmi les débats rouverts, le mystère des origines juives d’Hitler.
Un feuilleton policier. À l'été 1937, l'agent de la Gestapo Hansjurgen Köhler
est convoqué par son patron, Reinhard Heydrich. Il est chargé d'aller récupérer
à Vienne l'original d'un dossier aux mains de Kurt Von Schuschnigg, le
chancelier autrichien, qui fait chanter Hitler. Köhler en lit très vite une
copie, stupéfait. Il s'agit en réalité de trois dossiers concoctés
successivement par Von Schleicher, l'ancien chancelier allemand, qui les avait
expédiés avant son assassinat à Dollfuss, lequel les étoffa, puis les transmit,
avant d'être lui-même tué en 1934, à son successeur Schuschnigg.
Kersaudy a lu les Mémoires de Köhler
publiés en 1940 à Londres et non traduits. L'agent de la Gestapo y décrit le
contenu de ces dossiers portant sur les origines troubles du Führer, qui, pour
les dissimuler, sema les cadavres. Ces papiers embarrassants évoquaient son
père, Alois, légitimé sur le tard et illégalement, sa grand-mère paternelle,
Maria Schicklgruber, servante chez les Rothschild à Vienne, sa grand-mère
maternelle, Johanna, d'origine tchèque, donc slave. Guère reluisant, à l'aune
des canons nazis. On sait depuis que Maria Schicklgruber était aussi employée
chez les Frankenberger, autre famille juive, lorsqu'elle donna naissance au
père d’Hitler, Alois, à 41 ans. Le Führer le savait sans doute, car comme
Kersaudy le fait remarquer, le paragraphe III de la "loi pour la
protection du sang" interdisait aux juifs d'employer des servantes de sang
allemand âgées de moins de 45 ans. Curieuse et étrange précision. Mais, à
l'évidence, Hitler ne savait à quoi s'en tenir sur ses origines. Dans le doute,
qui le taraudait, le criminel en élimina toute trace, comme si elles étaient un
crime, et fit raser les villages d'origine de son père et de sa grand-mère pour
en faire des terrains militaires.
Fascinant personnage
À l'autre bout du Reich, le livre de
Kersaudu fait aussi toute la lumière sur un fascinant personnage : l'amiral
Canaris. Un petit homme insaisissable à qui l'on a collé bien des étiquettes.
Taupe d’Hitler ? Traître recruté par les Alliés ? On ne savait plus. Il est
vrai que Canaris, chef de l'Abwehr, le contre-espionnage militaire, en qui
Hitler, admiratif, voyait le maître espion allemand capable de rivaliser avec
le MI6, avait tout pour susciter le fantasme. La lecture dessine le portrait
définitif d'un résistant au cœur même de la tourmente, adversaire acharné de la
Gestapo, qui a été largement sous-estimé. Parmi ses faits d'armes, sa
protection apportée à une série d'opposants au nazisme, son refus de faire
assassiner Weygand, Churchill, de Gaulle, son intervention auprès de Franco,
qu'il dissuade de déclarer la guerre à l'Angleterre, son rôle pour faire
échouer l'enlèvement par les SS du pape et du roi d'Italie. En 2009, le rabbin Lipchitz
a demandé qu'il soit reconnu comme Juste, car il sauva de nombreux juifs. Yad
Vashem a pour l'instant refusé.
À propos de Juste, Kersaudu lève un autre
lièvre : lecteur d'une biographie non traduite de David Crowe, il nous apprend
que l'Allemand des Sudètes Oskar Schindler, immortalisé par Steven Spielberg,
fut dès 1936 un agent de l'Abwehr dans sa région natale (en Tchécoslovaquie),
puis à partir de 1939 en Pologne. Son action de sauvetage des juifs a donc été
menée grâce à la couverture de l'Abwehr de l'amiral Canaris et du Bureau des
armements du général Thomas, qui s'employaient à résister contre Hitler.
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