mardi 19 novembre 2013

Hitler et le 3ème Reich, les derniers secrets


Hitler et le 3ème Reich, les derniers secrets

On croyait tout savoir sur Hitler et son funeste Reich. Les livres sur ce sujet s'accumulent par milliers. De toutes qualités. Parfois contradictoires. On veut faire la lumière ; souvent, on obscurcit. Parmi les débats rouverts, le mystère des origines juives d’Hitler. Un feuilleton policier. À l'été 1937, l'agent de la Gestapo Hansjurgen Köhler est convoqué par son patron, Reinhard Heydrich. Il est chargé d'aller récupérer à Vienne l'original d'un dossier aux mains de Kurt Von Schuschnigg, le chancelier autrichien, qui fait chanter Hitler. Köhler en lit très vite une copie, stupéfait. Il s'agit en réalité de trois dossiers concoctés successivement par Von Schleicher, l'ancien chancelier allemand, qui les avait expédiés avant son assassinat à Dollfuss, lequel les étoffa, puis les transmit, avant d'être lui-même tué en 1934, à son successeur Schuschnigg.

Kersaudy a lu les Mémoires de Köhler publiés en 1940 à Londres et non traduits. L'agent de la Gestapo y décrit le contenu de ces dossiers portant sur les origines troubles du Führer, qui, pour les dissimuler, sema les cadavres. Ces papiers embarrassants évoquaient son père, Alois, légitimé sur le tard et illégalement, sa grand-mère paternelle, Maria Schicklgruber, servante chez les Rothschild à Vienne, sa grand-mère maternelle, Johanna, d'origine tchèque, donc slave. Guère reluisant, à l'aune des canons nazis. On sait depuis que Maria Schicklgruber était aussi employée chez les Frankenberger, autre famille juive, lorsqu'elle donna naissance au père d’Hitler, Alois, à 41 ans. Le Führer le savait sans doute, car comme Kersaudy le fait remarquer, le paragraphe III de la "loi pour la protection du sang" interdisait aux juifs d'employer des servantes de sang allemand âgées de moins de 45 ans. Curieuse et étrange précision. Mais, à l'évidence, Hitler ne savait à quoi s'en tenir sur ses origines. Dans le doute, qui le taraudait, le criminel en élimina toute trace, comme si elles étaient un crime, et fit raser les villages d'origine de son père et de sa grand-mère pour en faire des terrains militaires.

Fascinant personnage

À l'autre bout du Reich, le livre de Kersaudu fait aussi toute la lumière sur un fascinant personnage : l'amiral Canaris. Un petit homme insaisissable à qui l'on a collé bien des étiquettes. Taupe d’Hitler ? Traître recruté par les Alliés ? On ne savait plus. Il est vrai que Canaris, chef de l'Abwehr, le contre-espionnage militaire, en qui Hitler, admiratif, voyait le maître espion allemand capable de rivaliser avec le MI6, avait tout pour susciter le fantasme. La lecture dessine le portrait définitif d'un résistant au cœur même de la tourmente, adversaire acharné de la Gestapo, qui a été largement sous-estimé. Parmi ses faits d'armes, sa protection apportée à une série d'opposants au nazisme, son refus de faire assassiner Weygand, Churchill, de Gaulle, son intervention auprès de Franco, qu'il dissuade de déclarer la guerre à l'Angleterre, son rôle pour faire échouer l'enlèvement par les SS du pape et du roi d'Italie. En 2009, le rabbin Lipchitz a demandé qu'il soit reconnu comme Juste, car il sauva de nombreux juifs. Yad Vashem a pour l'instant refusé.

À propos de Juste, Kersaudu lève un autre lièvre : lecteur d'une biographie non traduite de David Crowe, il nous apprend que l'Allemand des Sudètes Oskar Schindler, immortalisé par Steven Spielberg, fut dès 1936 un agent de l'Abwehr dans sa région natale (en Tchécoslovaquie), puis à partir de 1939 en Pologne. Son action de sauvetage des juifs a donc été menée grâce à la couverture de l'Abwehr de l'amiral Canaris et du Bureau des armements du général Thomas, qui s'employaient à résister contre Hitler.

 

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