Rupture en Silésie et bataille de la Bzura
Le Groupe d'armées Sud du maréchal von Runstedt
pénétra en Silésie. En tête, les VIIIe et Xe armées
avaient pour objectifs de traverser la ligne de la Warta, forcer le passage
entre deux armées polonaises et effectuer une manœuvre d'encerclement pour se
diriger vers Varsovie. Les défenses polonaises étant situées à une trentaine de
kilomètres de la frontière, la progression allemande fut d'abord très rapide.
Le général Johannes Blaskowitz, commandant la
VIIIe armée, se dirigea rapidement vers Łódź avec le régiment
Leibstandarte-SS Adolf Hitler et deux divisions d'infanterie. Le 4, les
avant-gardes allemandes atteignirent la Warta, et, deux jours plus tard, la 17e
division d'infanterie se trouvait aux alentours de Łódź.
La Xe armée était l'une des plus
puissantes armées allemandes. Son objectif était d'atteindre Varsovie en
perçant vers le nord-est, juste après la frontière. Pour cela, le 16e
Corps, sous les ordres du général Hoepner, devait enfoncer le dispositif
polonais entre les armées Łódź et Kraków. Les premiers combats opposèrent la 4e
panzerdivision et la brigade de cavalerie Wolynska, défendant Mokra avec le
soutien du train blindé Smiagly. Les Polonais infligèrent de lourdes pertes aux
Allemands, dont les attaques étaient mal coordonnées. Finalement, les raids des
"Stukas" contre les arrière-gardes ennemies désorganisèrent les défenses
polonaises.
De son côté, la 1er panzerdivision
réussit à enfoncer le système défensif polonais. Dès le premier jour, les 4e
et 15e corps d'armée franchirent les lignes polonaises sans grande
difficulté. Mais, le deuxième jour, les Polonais ripostèrent violemment à
Wieluń. La 4e panzerdivision et la 1er division légère se
trouvèrent coincées entre deux divisions d'infanterie polonaises. La 1er
panzerdivision et deux divisions d'infanterie encerclèrent une division ennemie
et l'intervention de la 2e division légère permit d'améliorer la
situation. Le lendemain, les Polonais commencèrent à se replier vers les rives
de la Warta. La brigade de cavalerie Krakowska fut anéantie par la 3e
division légère.
Cette opération permit d'ouvrir une brèche dans
le dispositif défensif polonais. La route vers Varsovie était désormais
ouverte. Mais, les Allemands avaient subi de lourdes pertes.
L'armée Poznań, commandée par le général Tadeusz
Kutrzeba, se trouvait isolée en Poméranie. Les unités allemandes la menaçaient
d'un encerclement total. Conscient du danger, Kutrzeba demanda la permission de
se replier ou bien d'attaquer vers le nord. Rydz-Smigly, cherchant à éviter une
bataille décisive à l'ouest de la Vistule, refusa.
La 7e division polonaise fut détruite
lors d'une attaque convergente menée par trois divisions allemandes. Après de
violents combats, la 4e panzerdivision réussit à faire reculer une
brigade de cavalerie. La 1er panzerdivision traversa la Warta sur un
pont encore intact. Le 4 septembre, la brèche entre les armées Łódź et Kraków
était importante. Au prix de lourdes pertes, l'armée Kraków put maintenir son
flanc sud grâce au terrain montagneux qui lui permit de réaliser un repli
ordonné.
Du 4 au 5 septembre se déroula la bataille de
Piotrków. Le maréchal Walther von Reichenau lança ses chars entre Łódź et
Kraków afin d'ouvrir définitivement la route de Varsovie. Tandis que la 4e
panzerdivision traversait la rivière Pilica, la 1er panzerdivision
attaquait la ville de Piotrków. Les unités de reconnaissance allemandes
s'engouffrèrent dans une faille du dispositif défensif polonais et encerclèrent
les défenseurs. Dans les environs de cette localité eut lieu l'un des rares
affrontements entre chars de la campagne. Le 5, les 7TP du 2e
bataillon de chars polonais mirent hors de combat 17 chars allemands et 14
véhicules blindés. De son côté, le 2e bataillon ne perdit que deux
véhicules.
À la fin de la journée du 5, la route de
Varsovie était ouverte. Pris de vitesse par l'avancée allemande et
l'inefficacité de ses défenses, le haut-commandement polonais ordonna le repli
général vers des positions situées à l'est de la Vistule et de la Dunajec. Les
armées Łódź, Kraków et Prusy prirent position à l'est de la Vistule tandis que
l'armée Poznań se repliait vers l'est. Au sud, la 2e panzerdivision
et la 3e brigade d'infanterie de montagne avaient réussi à vaincre
la résistance acharnée de la 10e brigade mécanisée. La route de
Cracovie était désormais libre.
La 4e panzerdivision arriva aux
alentours de la Varsovie. Le 8 septembre, après avoir prit l'aérodrome
d'Okecie, elle attaqua par l'ouest les défenses extérieures récemment
installées. Son offensive fut un échec. Les Allemands perdirent environ 60
véhicules blindés dans l'opération. La 4e panzer se retira alors et
commença à encercler la capitale.
Informés de la retraite des forces polonaises,
les commandants des unités allemandes demandèrent à l'état-major de modifier
ses plans car il devenait évident qu'il fallait progresser davantage vers l'est
pour encercler et détruire l'ennemi. Mais, craignant une offensive française à
l'ouest, Von Brauchitsch s'y opposa. Jusqu'au 5, il interdit à von Bock
d'avancer plus loin. Ce ne fut que quatre jours plus tard, lorsque l'intention
polonaise de se replier pour éviter le siège ne fit plus de doute, que les
unités allemandes furent autorisées à reprendre leurs avancées.
Alors que les armées centrales polonaises se
repliaient vers la Vistule, les Polonais s'aperçurent que les unités motorisées
allemandes les dépassaient par les flancs. Rydz-Smigly voulait à tout prix
éviter une bataille à l'ouest de la Vistule. Les Polonais comptaient sur
l'intervention de la France et de la Grande-Bretagne qui n'interviendront
jamais. L'intervention française se limita à une opération limitée dans la
Sarre. Si les Alliés étaient passés à l'attaque, ils n'auraient rencontré
qu'une faible résistance car la majeure partie des troupes allemandes se
trouvaient à l'est. Ils loupèrent ainsi une occasion unique qui aurait pu
modifier le cours de la guerre.
La première semaine de combats avait été
décisive. Sur un front totalement détruit, les Allemands multiplièrent les
incursions en territoire polonais. Le système défensif adverse fut complètement
démantelé. La Luftwaffe avait détruit ses moyens de communication, de sorte que
les états-majors se trouvaient isolés les uns des autres ainsi que la plupart
de leurs unités. Les Allemands progressaient dangereusement et Varsovie se
voyait menacée au nord, au sud et à l'ouest.
Le 7, Rydz-Smigly constitua l'armée Lublin avec
les unités de réserve disponibles. Celle-ci avait pour mission de défendre le
centre du pays. Rydz-Smigly prit la décision de transférer l'état-major à
Brest-Litovsk, estimant que la capitale serait bientôt encerclée. Étant donné
le chaos des communications, cette initiative lui fit perdre le peu de contrôle
qui lui restait. Le même jour, les avant-gardes motorisées de la 4e
division légère allemande traversèrent la Vistule à Szczecin. Allemands et
Polonais se livrèrent alors à une course au fleuve, les seconds dans
l'intention d'établir une ligne défensive, les premiers pour les en empêcher.
Le 9, un double siège menaçait les troupes
polonaises. À l'ouest de la Vistule et de Varsovie, les armées Łódź, Poméranie
et Poznań étaient menacées par les IIIe et IVe armées au
nord, et les VIIIe et Xe armées au sud. À l'est de la
Vistule, grâce à leur progression rapide, les IIIe et XIVe
armées allemandes avaient dépassé un grand nombre d'unités polonaises. Le 10,
Rydz-Smigly tenta de réorganiser ses forces à l'est de la Vistule. Sans succès.
Alors qu'au nord, la situation se stabilisait –
les Allemands réorganisaient leurs forces pour une prochaine offensive –, au
centre, elle se détériorait de façon alarmante pour les Polonais. En effet, les
avants-gardes allemandes progressaient en masse entre les armées de Łódź et de
Prusy.
Le 14, la 10e panzerdivision entra à
Brest-Litovsk. Mais, il faudra attendre le 17 et l'arrivée de renforts pour que
la citadelle tombe aux mains des Allemands. Après avoir renforcées la ville, la
3e panzerdivision et la 2e division d'infanterie
progressèrent en direction de Kobrin tandis que la IIIe armée
entrait dans la banlieue de Varsovie.
Au sud, les combats aboutirent à la destruction
de l'armée polonaise en retraite. L'une des batailles les plus meurtrières se
déroula sur la Bzura, dans le secteur de la VIIIe armée. Après avoir
pris Łódź le 8, les 9e et 13e Corps d'armée avancèrent
vers le nord-est, tandis que la Xe armée progressait le long de la
Bzura, vers Varsovie.
Le général Kutrzeba, commandant l'armée de
Poznań, obtint l'autorisation de lancer une contre-attaque le 9. Pour cette
attaque, Kutrzeba disposait de trois divisions d'infanterie, des brigades de
cavalerie Podolska et Wielkopolska, et de six autres divisions d'appui. Après
une journée de combat, la 30e division allemande, attaquée par
surprise, commença à se replier. Les Allemands envoyèrent des renforts. Von
Rundstedt ordonna à la 1ère et à la 4e division de
panzers, stationnées dans les environs de Varsovie, de revenir vers l'ouest
pour dissuader toute tentative de l'armée Poznań de se frayer un chemin vers la
capitale. L'arrivée d'importants renforts ennemis poussa Kutrzeba à interrompre
son offensive et à se replier, mais il était trop tard.
Le haut-commandement polonais ordonna à Kutrzeba
de foncer vers Radom, afin de se replier vers la Roumanie. Cette tentative se
termina par l'encerclement de ses troupes. Les Allemands pilonnèrent, avec leur
artillerie et leur aviation, la poche dans laquelle les troupes polonaises
étaient encerclées. Ces dernières subirent de lourdes pertes. Elles tentèrent
plusieurs fois de se dégager, sans succès. Le 17, dans le secteur de la forêt
de Kampinos, les deux brigades de cavalerie et des soldats de deux divisions
d'infanterie réussirent à s'échapper. Le reste des unités polonaises fut
détruit ou capturé.
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