Les longues journées d'un agent de
liaison du maquis
En 1943, je ne sais plus pour
quelle raison, l'oral du baccalauréat avait été supprimé et remplacé par
quelques matières supplémentaires à l'écrit. Aussi dès fin juin, étais-je
disponible pour à la demande d'Elie Deschamps, Alias Ravignan, entrer à temps
plein dans l'équipe du Capitaine Romans qui avait entrepris d'unifier et de
structurer la résistance armée dans l'Ain en prenant le contrôle de tous les
groupes maquis nés d'initiatives locales plus ou moins isolés. La réalisation
de cet objectif exigeait de la petite équipe constituée autour de Romans une
intense activité pour rechercher et prendre tous les contacts nécessaires avec
les groupes et les personnalités susceptibles de participer ou d'aider à
l'organisation et au soutien des Maquis.
Pour nous déplacer nous utilisons le train lorsque c'était possible, très exceptionnellement un véhicule à moteur et le plus souvent nous nous déplacions à pieds ou à bicyclette parcourant parfois dans la journée, plus de 80 km par des chemins de montagne.
C'est dans ce cadre d'activité que le 14 août 1943 après-midi, je quittais le petit PC de Port pour rejoindre ROMANS chez le Docteur Rosette à Chavannes sur Suram. Là, je trouvai un groupe de résistants en pleine effervescence attendant la confirmation par Radio Londres d'un premier message radio annonçant un parachutage d'armes dans la nuit. Lorsque cette confirmation arriva, ce fut bien sûr une explosion de joie. Pour ma part, je n'avais encore jamais assisté à un parachutage aussi étais-ce une occasion rare que pour rien au monde je n'aurais manqué. Bien qu'il eut été plus raisonnable d'aller me coucher tôt car je devais, le lendemain, dès le lever du jour, faire une liaison à Bourg en Bresse
Je n'aurais pu m'endormir avant la fin du parachutage, c'est à dire, la fin de la récupération de tout le matériel parachuté. Je ne me souviens plus à quelle heure je rejoignais la maison Rosette mais sans doute n'y ai je pas dormi plus de deux heures avant de partir à bicyclette pour Bourg.
Là, je devais prendre contact devant un magasin Casino près de la tréfilerie avec une personne dont on ne m'avait donné qu'un vague signalement mais avec laquelle je devais échanger quelques mots de passe.
En fait, il s'agissait de Ravignan, qui m'avait lui-même recruté pour le Maquis et qui avait des informations) à transmettre à Romans.
Par la même occasion, il me présenta à Robert le gérant de la succursale Casino dont le magasin était un point de liaison importante pour les résistants de la région
L'entrevue fut courte et je repartis dare-dare pour Chavannes afin de rejoindre le Camp du Maquis de Nivigne où devait avoir lieu une "prise d'armes" marquant l'inauguration du camp et son passage sous l'autorité de Romans en présence de Didier Charbonnât, responsable Maquis régional et de son adjoint Vergaville.
Dès la fin du frugal (Un lapin sauvage, pris la veille), repas pris en commun sur l'herbe qui suivit la cérémonie, je devais repartir à bicyclette pour une longue journée de repérage de différents sites en compagnie de Noël Perrotot, Alias Montréal.
Il faisait très chaud (35 degrés à l’hombre), ce qui n'avait rien d'étonnant pour un 15 août. Mais la fatigue et le manque de sommeil rendaient la chaleur difficilement supportable.
Aussi n'est-ce pas sans une certaine envie que poussant nos vélos à l'approche du haut de la côte de Corverssiat, nous vîmes les trois grands patrons revenant de NIVIGNE nous doubler en voiture.
Devinant un peu ce que je devais ressentir, MONTREAL essaya de me réconforter en me disant qu'après tout il valait mieux se déplacer à pieds ou à bicyclette ; ce qui était plus sûr et plus prudent et ce qui apprenait à mieux connaître le terrain, car de temps en temps, des patrouilles allemandes étaient présentes avec leurs chiens, de véritables molosses.
Nous en étions là de nos réflexions sur les meilleures façons de nous déplacer lorsque, arrivant à proximité de THOIRETTE, nous aperçûmes la voiture des grands patrons abandonnée à l'ombre, à l'écart de route.
Un rapide tour d'horizon, nous révéla alors un spectacle inattendu et cocasse
Nos trois grands patrons complètement nus dans la rivière, hélés par deux gendarmes plantés près des vêtements des baigneurs. Nos patrons n'avaient pas résisté à la tentation d'un bain rafraîchissant dans un endroit apparemment désert. Dans le simple appareil où ils étaient, ils paraissaient bien penauds et mal à l'aise, se demandant qu'elle attitude adopter.
C'est évidemment avec un immense soulagement qu'ils nous virent surgir, pistolet au poing, derrière les gendarmes qui a leur tour se sentaient mal à aise.
Ces derniers réalisèrent très vite qu'ils avaient à faire à des Résistants, mais sans se douter que durant quelques instants ils avaient eu à leur merci les 3 principaux responsables régionaux des Maquis.
Nous assurant de leur patriotisme et de leur sympathie pour la Résistance, il s'excusait en disant que c'était le caractère quelque peu attentatoire à la pudeur de la situation qui les avait fait intervenir.
Par précaution, MONREAL et moi restèrent avec les gendarmes près de nous, le temps suffisant pour permettre à nos hauts responsables de prendre le large en voiture par une des multiples routes rayonnant autour du Pont de THOIRETTE.
Après avoir invité les gendarmes à rester sur place encore une demi-heure, nous reprîmes à notre tour notre route qui par COISELET, DORTAN et OYONNAX devait nous amener à la CLUSE pour revenir finalement à OYONNAX. A DORTAN, mon pneu arrière étant crevé, il fallut nous arrêter pour le réparer à la fontaine.
Pendant que je réparais ma roue, MONTREAL, très fatigué lui aussi, s'était assis le dos appuyé au muret du bassin de la fontaine. La réparation terminée, il dormait à poings fermés, ce qui m'incita à me reposer aussi quelques instants en m'asseyant près de lui.
Et ce sont des vaches venant boire à la fontaine qui finalement nous réveillèrent, je ne sais combien de temps plus tard. Ce n'est que vers minuit que se termina notre périple et que je pus enfin retrouver mon lit chez mes parents à OYONNAX avant de repartir tôt le lendemain matin pour une nouvelle et longue journée à parcourir les routes et les bois du département.
Pour nous déplacer nous utilisons le train lorsque c'était possible, très exceptionnellement un véhicule à moteur et le plus souvent nous nous déplacions à pieds ou à bicyclette parcourant parfois dans la journée, plus de 80 km par des chemins de montagne.
C'est dans ce cadre d'activité que le 14 août 1943 après-midi, je quittais le petit PC de Port pour rejoindre ROMANS chez le Docteur Rosette à Chavannes sur Suram. Là, je trouvai un groupe de résistants en pleine effervescence attendant la confirmation par Radio Londres d'un premier message radio annonçant un parachutage d'armes dans la nuit. Lorsque cette confirmation arriva, ce fut bien sûr une explosion de joie. Pour ma part, je n'avais encore jamais assisté à un parachutage aussi étais-ce une occasion rare que pour rien au monde je n'aurais manqué. Bien qu'il eut été plus raisonnable d'aller me coucher tôt car je devais, le lendemain, dès le lever du jour, faire une liaison à Bourg en Bresse
Je n'aurais pu m'endormir avant la fin du parachutage, c'est à dire, la fin de la récupération de tout le matériel parachuté. Je ne me souviens plus à quelle heure je rejoignais la maison Rosette mais sans doute n'y ai je pas dormi plus de deux heures avant de partir à bicyclette pour Bourg.
Là, je devais prendre contact devant un magasin Casino près de la tréfilerie avec une personne dont on ne m'avait donné qu'un vague signalement mais avec laquelle je devais échanger quelques mots de passe.
En fait, il s'agissait de Ravignan, qui m'avait lui-même recruté pour le Maquis et qui avait des informations) à transmettre à Romans.
Par la même occasion, il me présenta à Robert le gérant de la succursale Casino dont le magasin était un point de liaison importante pour les résistants de la région
L'entrevue fut courte et je repartis dare-dare pour Chavannes afin de rejoindre le Camp du Maquis de Nivigne où devait avoir lieu une "prise d'armes" marquant l'inauguration du camp et son passage sous l'autorité de Romans en présence de Didier Charbonnât, responsable Maquis régional et de son adjoint Vergaville.
Dès la fin du frugal (Un lapin sauvage, pris la veille), repas pris en commun sur l'herbe qui suivit la cérémonie, je devais repartir à bicyclette pour une longue journée de repérage de différents sites en compagnie de Noël Perrotot, Alias Montréal.
Il faisait très chaud (35 degrés à l’hombre), ce qui n'avait rien d'étonnant pour un 15 août. Mais la fatigue et le manque de sommeil rendaient la chaleur difficilement supportable.
Aussi n'est-ce pas sans une certaine envie que poussant nos vélos à l'approche du haut de la côte de Corverssiat, nous vîmes les trois grands patrons revenant de NIVIGNE nous doubler en voiture.
Devinant un peu ce que je devais ressentir, MONTREAL essaya de me réconforter en me disant qu'après tout il valait mieux se déplacer à pieds ou à bicyclette ; ce qui était plus sûr et plus prudent et ce qui apprenait à mieux connaître le terrain, car de temps en temps, des patrouilles allemandes étaient présentes avec leurs chiens, de véritables molosses.
Nous en étions là de nos réflexions sur les meilleures façons de nous déplacer lorsque, arrivant à proximité de THOIRETTE, nous aperçûmes la voiture des grands patrons abandonnée à l'ombre, à l'écart de route.
Un rapide tour d'horizon, nous révéla alors un spectacle inattendu et cocasse
Nos trois grands patrons complètement nus dans la rivière, hélés par deux gendarmes plantés près des vêtements des baigneurs. Nos patrons n'avaient pas résisté à la tentation d'un bain rafraîchissant dans un endroit apparemment désert. Dans le simple appareil où ils étaient, ils paraissaient bien penauds et mal à l'aise, se demandant qu'elle attitude adopter.
C'est évidemment avec un immense soulagement qu'ils nous virent surgir, pistolet au poing, derrière les gendarmes qui a leur tour se sentaient mal à aise.
Ces derniers réalisèrent très vite qu'ils avaient à faire à des Résistants, mais sans se douter que durant quelques instants ils avaient eu à leur merci les 3 principaux responsables régionaux des Maquis.
Nous assurant de leur patriotisme et de leur sympathie pour la Résistance, il s'excusait en disant que c'était le caractère quelque peu attentatoire à la pudeur de la situation qui les avait fait intervenir.
Par précaution, MONREAL et moi restèrent avec les gendarmes près de nous, le temps suffisant pour permettre à nos hauts responsables de prendre le large en voiture par une des multiples routes rayonnant autour du Pont de THOIRETTE.
Après avoir invité les gendarmes à rester sur place encore une demi-heure, nous reprîmes à notre tour notre route qui par COISELET, DORTAN et OYONNAX devait nous amener à la CLUSE pour revenir finalement à OYONNAX. A DORTAN, mon pneu arrière étant crevé, il fallut nous arrêter pour le réparer à la fontaine.
Pendant que je réparais ma roue, MONTREAL, très fatigué lui aussi, s'était assis le dos appuyé au muret du bassin de la fontaine. La réparation terminée, il dormait à poings fermés, ce qui m'incita à me reposer aussi quelques instants en m'asseyant près de lui.
Et ce sont des vaches venant boire à la fontaine qui finalement nous réveillèrent, je ne sais combien de temps plus tard. Ce n'est que vers minuit que se termina notre périple et que je pus enfin retrouver mon lit chez mes parents à OYONNAX avant de repartir tôt le lendemain matin pour une nouvelle et longue journée à parcourir les routes et les bois du département.
Pierre,
alias Romano
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