L’invasion de la Pologne (3)
Publié le 06/11/2013 à 23:13 dans Histoire racontée - Ajouter un commentair
L’invasion de la Pologne (3)
L'agression
Dans la nuit du 31 août, les hommes d'Heydrich pénétrèrent en Pologne, et occupèrent la station de radiodiffusion de Gleiwitz. Le 31 août, à 20h12, ils émirent un communiqué en Polonais puis quittèrent les lieux. Peu de temps après, la Gestapo déposa un cadavre à l'entrée de l'édifice, preuve évidente de l'attaque. Heydrich savait que la station de radiodiffusion de Gleiwitz était reliée à l'importante station de Wrocław. Il pensait que le communiqué serait ainsi entendu dans une grande partie de l'Allemagne. Mais, la liaison était établie dans un seul sens et uniquement afin que Gleiwitz puisse transmettre le programme de Wrocław et non l'inverse. Le message ne fut alors diffusé que dans les environs de Gleiwitz. La supercherie fonctionna malgré tout.
La campagne de Pologne débuta le 1er septembre, à 4 heures du matin. Le vieux cuirassé allemand Schleswig-Holstein ouvrit le feu sur le fort de Westerplatte, près de Dantzig. Peu de temps après, les bombardiers et les chasseurs allemands franchirent la frontière et attaquèrent systématiquement les aérodromes, les avions, les réseaux routiers et ferroviaires, les centres administratifs et industriels, les concentrations de troupes... En moins de deux jours, la supériorité aérienne sur la Pologne ne fit plus de doute et la Luftwaffe put se cantonner dans son rôle tactique de bombardement concentré à l'avant des premières colonnes de chars. L'offensive terrestre fut lancée peu avant 5 heures du matin. Peu après, Hitler annonça à la radio que l'Allemagne avait été attaquée par les Polonais et qu'elle répondait à la violence par la violence. Le lendemain, le gouvernement de Dantzig déclara officiellement : « Dantzig est une ville allemande et souhaite appartenir à l'Allemagne ».
L'invasion allemande de la Pologne mit fin à tout espoir de paix avec la Grande-Bretagne et la France. Le soir du 1er septembre, à 21h30, von Ribbentrop reçut l'ambassadeur anglais Henderson. Ce dernier lui remit une note : « ... Si le gouvernement de Sa Majesté ne reçoit du gouvernement allemand aucune assurance satisfaisante que le gouvernement allemand arrête ses opérations agressives et qu'il est prêt à retirer ses troupes du territoire polonais, le gouvernement de Sa Majesté remplira sans hésiter ses obligations envers la Pologne. » Une demi-heure plus tard, l'ambassadeur français, Coulondre, se présenta à son tour avec une note. La même, ou presque. Le lendemain, les radios alliées annonçaient la mobilisation générale. Le 3, à 9 heures du matin, Paul Schmidt, l'interprète officiel allemand, reçut de nouveau Henderson. Ce dernier lui remit un ultimatum de la part du gouvernement britannique : « Plus de vingt-quatre heures se sont écoulées depuis qu'une réponse immédiate à l'avertissement du 1er septembre a été réclamée, et les attaques contre la Pologne ont encore été intensifiées depuis. Si le gouvernement de Sa Majesté ne reçoit pas avant 11h des assurances satisfaisantes sur la cessation de toutes les actions agressives contre la Pologne et sur le retrait des troupes allemandes du territoire de ce pays, l'état de guerre existera à partir de ce moment entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne. » Quelques minutes plus tard, Coulondre apporta le même message.
Le fort de Westerplatte, défendu par 200 hommes, abritait un véritable arsenal. L'attaque du fort devait être menée par le 3e bataillon du régiment SS-Totenkopf, soutenu par 500 volontaires de la ville de Dantzig. Il était prévu qu'une unité de marine les rejoigne. Dès les premières minutes du bombardement, de nombreux bâtiments furent détruits par l'artillerie du cuirassé Schleswig-Holstein. Peu après, les Allemands débarquèrent et se heurtèrent à une forte résistance qui les tint en échec. Des bombardements navals et aériens eurent lieu toute la journée mais la résistance polonaise ne céda pas. Il faudra aux Allemands deux semaines de combats pour conquérir ce bastion.
L'attaque par le nord avait pour objectif le couloir de Dantzig. Les Allemands tentèrent de s'emparer de plusieurs ponts intacts. Mais, les Polonais, alertés, parvinrent à les détruire. Ces derniers disposaient dans ce secteur de deux divisions d'infanterie et d'une brigade de cavalerie.
À l'avant-garde de l'offensive se trouvait le 19e Corps d'armée du général Guderian, déployé sur les rives de la Kamionka, dans une zone boisée jugée imprenable par les Polonais. Au début de l'offensive, la 3e panzerdivision entra en Pologne et avança le long de la rivière. Les défenses polonaises furent écrasées et la division atteignit, à midi, la rivière Brahe. Les Allemands capturèrent un pont intact et praticable pour les chars. À la tombée de la nuit, toute la division avait traversé la rivière et se trouvait à moins de 20 km de la Vistule. À gauche de la 3e panzerdivision, la 2e division d'infanterie motorisée rencontra une résistance plus importante. Les Polonais se replièrent lentement, couvert par une compagnie blindée et par le 18e régiment d'uhlans.
À 19h, les éclaireurs de la cavalerie polonaise repérèrent une unité d'artillerie de la 20e division allemande qui profitait d'un moment de répit en plein champ, près de Krojanty. Le colonel Kazimierz Mastalerz, commandant le 18e régiment de cavalerie polonaise, saisit immédiatement l'opportunité et chargea l'ennemi à la tête de deux escadrons de lanciers (200 cavaliers). Les deux escadrons d'uhlans se ruèrent sur les Allemands qui s'enfuirent précipitamment. Les lanciers se jetèrent sur eux et semèrent le chaos et la terreur. Une unité de reconnaissance allemande vint en renfort et les automitrailleuses freinèrent net la cavalerie polonaise. Le colonel Mastalerz fut tué ainsi qu'une vingtaine de lanciers avant que les uhlans n'aient eu le temps de se mettre à l'abri. À la fin de la journée, les pertes du 18e régiment de cavalerie s'élevaient à 40% de son effectif. De cet épisode naquit la légende des lanciers polonais chargeant contre les chars allemands. Mais en réalité, rien de la sorte ne se produisit durant la campagne de Pologne. Le 18e régiment de cavalerie ne fut pas le seul, ce jour-là, à s'illustrer pour son courage et son héroïsme.
Le 1er septembre 1939, à la nuit tombée, les troupes polonaises se retirèrent, laissant la voie libre aux Allemands pour accéder au couloir de Dantzig. Le 2 septembre au matin, la 3e panzerdivision et deux divisions d'infanterie allemande progressèrent rapidement non loin de la Vistule. Elles furent retardées par des contre-attaques ennemies sur leurs flancs. Au matin du 3 septembre, la brigade de cavalerie de Pomorska et la 9e division polonaise étaient partiellement encerclées. Seuls quelques éléments parvinrent à s'échapper, au prix de lourdes pertes. Le même jour, à Bydgoszcz, la population à majorité allemande se souleva contre les soldats polonais provoquant plus de 250 morts. Les Polonais ripostèrent et exécutèrent 200 habitants. Deux jours plus tard, les Allemands s'emparèrent de la ville et exécutèrent 3000 personnes en représailles aux exactions commises par les Polonais sur la population. Le 5 septembre, la base du couloir de Dantzig était coupée. Le 6, les avant-gardes allemandes franchirent la Vistule.
Depuis la Prusse-Orientale, la IIIe armée allemande prit la direction de Varsovie. La panzerdivision Kempf, avec deux divisions d'infanterie, attaqua la position défensive de Mława, principal obstacle de la IIIe armée. Le lendemain, la pression allemande croissante obligea les Polonais à céder du terrain. Mais, Mława résistait encore. Les attaques successives allemandes finirent par obliger les Polonais à se replier. Le 4 septembre, les avants-gardes motorisées allemandes arrivèrent à environ 60 km de Varsovie. Le 6, la panzerdivision Kempf se trouvait à la hauteur de la rivière Narew et s'était emparé de plusieurs ponts à la suite d'attaques surprises. Les Polonais se retirèrent sur la ligne du San, plus à l'est. Les Allemands, encouragés par leurs succès, envisagèrent une grande manoeuvre d'encerclement entre la Vistule et le Bug, retardant ainsi la prise de Varsovie.
Le 2 septembre, les Allemands tentaient toujours de rompre les lignes de défense adverses le long du couloir de Dantzig. De leur côté, les Polonais se repliaient, abandonnant à leur sort les troupes positionnées sur la côte. La forteresse de Tuchola ralentit momentanément la progression allemande, mais, en fin de journée, trois divisions polonaises étaient encerclées. Seule l'une d'elles parvint à s'en sortir. Les deux autres furent anéanties. A suivre...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire