Mon carnet de bord
Chapitre 1
(Tous Droits Réservés)
Je suis né en 1939 dans une petite commune du département de la Mayenne. Issu d’une famille modeste, mon père était maçon et ma mère faisait des lessives pour les gens du village ; un détail qui aura son importance dans la suite de cet ouvrage, elle était catholique, elle pratiquait tant bien que mal sa religion car elle avait pour mari un communiste chevronné, doublé d’un ivrogne impénitent. A cette époque, période ce situant entre 1939 et 1945, la vie était dure et incertaine. J’ai pour souvenir, qu’un beau jour de printemps de 1944, mon frère Henri, mon ainé de huit ans, alliâmes ensemble au ravitaillement dans une ferme se situant à quelques kilomètres de chez nous. En effet, dans ce temps là les denrées alimentaires se faisaient rares et il fallait des tickets d’achat pour obtenir les aliments dont nous avions besoins. En chemin vers la ferme, chemin rocailleux, nous fûmes intrigué par des éboulements de gravas de chaque cotés du chemin et nous nous posâmes la question de savoir ce qu’ils pouvaient bien signifier. Notre curiosité fut bientôt satisfaite, le grondement et un bruit de chenilles de chars allemand vint jusqu’à nos oreilles. Nous nous précipitâmes dans les fourrés avoisinant attendant le passage d’un éventuel convoi, c’est alors que nous comprîmes le fait de ses éboulements, ceux-ci servait à élargir à certains endroits le chemin afin que les Blindés puissent se doubler. Lorsque le convoi fut passé, nous nous dirigeâmes de nouveau vers notre destination initiale, la ferme. Le long du chemin de terre, nous trouvâmes des douilles de mitrailleuse d’avions que nous nous amusâmes à enfiler dans nos doigts. Nous nous rappelâmes que deux jours avant, des bombardiers Canadien, des deux queues, comme ont les appelaient en ce temps là, étaient passé par-là pour largué leur bombes sur une usine qui fabriquait de l’acier. Ces douilles provenaient de tirs de mitrailleuses que les Nazis avaient utilisé pour essayé d’abattre ces avions « ennemis ». Enfin, nous voici arrivés à la ferme, la fermière, madame Belote, nous vit arrivé de loin et nous fit un signe amical de la main. Après l’avoir saluée elle et son mari, nous lui demandâmes si elle avait des œufs, du beurre et un canard à nous vendre ainsi qu’un morceau de cochon entrelardé, car le dimanche, ma mère avait l’habitude de faire mijoté un bon pot-au-feu avec des légumes de notre jardin. Nous arrivâmes au moment de la traite des vaches qui dans ce temps là se faisait à la main. Madame Belote nous proposa de boire un grand pot de lait tout chaud, elle plongea sa timbale dans le seau de lait et nous bûmes avec avidité le précieux nectar. Concernant nos achats et après avoir eu gain de cause auprès de la fermière, notre sac, en peau de chèvre, bien rempli, nous nous dirigeâmes de nouveau vers notre lieu d’habitation, pensant sans doute que notre retour serait plus calme que notre trajet pour nous rendre chez la fermière. Il n’en fut rien, car le long du chemin du retour, nous tombâmes sur une patrouille de soldats allemands en quête eux aussi de nourriture. Le pire, c’est qu’ils avaient avec eux un chien de guerre, un vrai molosse, genre Berger Allemand, cette brave bête, un vétéran de la guerre de 14, sans doute, avait une « bonne grippe », c’est dire qu’après nous avoir caché de nouveau, la patrouille et son chien passèrent sans nous détecter.
A suivre.
Auteur : Josué Matthieu
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