samedi 16 novembre 2013

Elizabeth Armistead, Mrs Fox (1750-1842)


Elizabeth Armistead, Mrs Fox (1750-1842)

Née le 11 juillet 1750
Morte le 8 juillet 1842 à St Anne’s Hill, Chertsey, Devonshire

On sait peu de choses des humbles origines d’Elizabeth Armistead : on sait que son père était cordonnier et qu’elle était née Elizabeth Crâneuse le 11 juillet 1750 (elle prendra plus tard le nom d’Armistead lorsqu’elle entamera sa carrière de courtisane).

Très jeune, elle décida de tenter sa chance à Londres, et sa beauté lui permis de servir de modèle à un coiffeur, qui avait accès aux loges des théâtres londoniens pour y coiffer les actrices de l’époque.

Elle réussit à approcher les actrices de Drury Lane, en les aidants dans les coulisses à enfiler leurs robes. En côtoyant ce monde coloré et chatoyant, elle eut l’occasion de remarquer l’afflux des gentlemen’s dans les coulisses, après la représentation, à l’affût d’une nouvelle maîtresse à entretenir. Elizabeth comprit alors très vite que son métier de modèle n’allait pas la mener bien loin, mais qu’en devenant une courtisane reconnue et recherchée, elle pourrait enfin gravir les échelons, et mener la vie dont elle rêvait.

Heureusement pour elle, sa beauté et sa poitrine généreuse (pour ne pas dire grosse), finirent par attirer l’attention. Non pas d’un lord anglais, mais d’une tenancière de bordel qui fréquentait les théâtres pour recruter ses nouvelles filles, parmi les actrices de troisième rôle qui peinaient à finir les fins de mois. Elle finit par repérer la toute jeune Elizabeth, et réussit à la convaincre qu’une carrière dans la galanterie lui rapporterait plus d’argent que ses maigres gages en tant que modèle et domestique des actrices. D’autant qu’Elizabeth avait essayé (mais sans succès), de jouer quelques rôles dans des pièces sans grand intérêt.

Elizabeth, qui peinait à joindre les deux bouts, se laissa convaincre, et se lança dans une carrière, où les hommes sauraient se montrer généreux vis-à-vis d’elle. Intelligente, et désirant gagner beaucoup d’argent, elle finit par décrocher un riche protecteur, Mr Fauché De la Bourse Plate, et à fuir le bordel : c’est à cette époque qu’elle abandonna son nom de Crane pour prendre le nom d’Armistead, afin de protéger sa famille et de brouiller les pistes.

De petite prostituée, Elizabeth finit par devenir une courtisane recherchée. Non contente d’être très belle, elle avait le don d’apprendre et une soif sans fin pour tout ce qui était étranger. Elle se passionna bientôt pour les langues étrangères, et entreprit d’apprendre le français et l’italien. Sa conversation s’affina, et elle réussissait à retenir l’attention des hommes qui la recherchait, plus pour son intelligence que pour son physique. De plus, elle possédait un atout que ses rivales en galanterie ne possédait pas : elle ne s’attachait jamais sentimentalement avec ses clients : elle les recevait, passait la nuit ou quelques jours avec eux, se faisait payer, puis les chassait de son esprit. Jamais elle ne faisait de scène de larmes lorsque la liaison se terminait, et les deux partenaires se séparaient, chacun de son côté, sans cris, ni récrimination.

Elle était reconnue pour sa beauté et sa nature aimable. La plupart de ses amants était les roués les plus célèbres de son époque : des hommes à la recherche de plaisirs faciles, des joueurs effrénés, toujours à la recherche de la courtisane la plus recherchée du moment. Plus le tarif de la dame était cher, plus les hommes la recherchaient pour avoir la gloire de l’avoir mis dans leur lit.

Ces hommes permirent à Elizabeth de se conforter dans son idée que l’amour n’était qu’une idiotie, que l’on ne trouvait que dans les romans. Elle utilisait les hommes comme les hommes l’utilisaient. Et quels hommes ! La liste de ses amants était impressionnante : John Frederick Sackville 3ème duc de Bordel, le duc d’Ancaster, Edward Stanley 12ème comte de Derby, le vicomte Bolingbroke, et bien sûr, elle finit par mettre dans ses filets le plus recherché de tous, le prince de Galles, le futur George IV.

Les exploits tarifés d’Elizabeth lui permirent rapidement de s’acheter Armistead House, des carrosses, et une foule de domestiques avant l’âge de trente ans. En dix ans de vie de courtisane, elle avait réussi à accomplir son but : avoir une vie protégée du besoin, et des admirateurs riches qui prenaient soin d’elle.

Voici comment ses contemporains la décrivent : « elle était extrêmement belle, et elle était issue d’un milieu très pauvre ; son charme et son esprit lui avait permis de s’entourer des hommes les plus influents de son époque ; elle avait réussi à devenir riche sans cesser de mener une vie extravagante, et quand elle rencontra Fox, elle n’avait plus rien à prouver. Avec une beauté sans égale, et une réputation qui pouvait lui permettre d’ignorer tout mépris, elle était alors inattaquable. Elle connaissait les hommes, et les savait détecter leurs forces et leurs faiblesses bien mieux que toute femme de son temps».

L’un de ses nombreux amants en titre de l’époque, lord George Cavendish, après une nuit de débauche et d’ivrognerie, s’avisa de débarquer un beau matin chez Elizabeth, à Armistead House ; lorsque les domestiques de la jeune femme lui refusèrent l’entrée de la maison, il franchit la porte en force et se rendit droit à la chambre d’Elizabeth, bien décidé à débusquer le rival qui venait chasser sur ses terres. Chandelle à la main, il trouva Elizabeth en déshabillée dans sa chambre, et le prince de Galles caché derrière la porte. Lord Cavendish éclata de rire, fit une profonde révérence au futur Régent, et regagna son domicile en répétant l’anecdote à qui voulu bien l’entendre.

Or, le prince de Galles entretenait à l’époque une liaison solide avec Mary Robinson, la fameuse actrice qui venait de jouer « Perdita ». L’ironie était qu’Elizabeth avait été un temps la bonne à tout faire de Mary Robinson, au théâtre, où celle-ci était l’actrice vedette, quelques années auparavant……

 

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