jeudi 7 novembre 2013

Rupture en Silésie et bataille de la Bzura


Rupture en Silésie et bataille de la Bzura

Le Groupe d'armées Sud du maréchal von Runstedt pénétra en Silésie. En tête, les VIIIe et Xe armées avaient pour objectifs de traverser la ligne de la Warta, forcer le passage entre deux armées polonaises et effectuer une manœuvre d'encerclement pour se diriger vers Varsovie. Les défenses polonaises étant situées à une trentaine de kilomètres de la frontière, la progression allemande fut d'abord très rapide.

Le général Johannes Blaskowitz, commandant la VIIIe armée, se dirigea rapidement vers Łódź avec le régiment Leibstandarte-SS Adolf Hitler et deux divisions d'infanterie. Le 4, les avant-gardes allemandes atteignirent la Warta, et, deux jours plus tard, la 17e division d'infanterie se trouvait aux alentours de Łódź.

La Xe armée était l'une des plus puissantes armées allemandes. Son objectif était d'atteindre Varsovie en perçant vers le nord-est, juste après la frontière. Pour cela, le 16e Corps, sous les ordres du général Hoepner, devait enfoncer le dispositif polonais entre les armées Łódź et Kraków. Les premiers combats opposèrent la 4e panzerdivision et la brigade de cavalerie Wolynska, défendant Mokra avec le soutien du train blindé Smiagly. Les Polonais infligèrent de lourdes pertes aux Allemands, dont les attaques étaient mal coordonnées. Finalement, les raids des "Stukas" contre les arrière-gardes ennemies désorganisèrent les défenses polonaises.

De son côté, la 1er panzerdivision réussit à enfoncer le système défensif polonais. Dès le premier jour, les 4e et 15e corps d'armée franchirent les lignes polonaises sans grande difficulté. Mais, le deuxième jour, les Polonais ripostèrent violemment à Wieluń. La 4e panzerdivision et la 1er division légère se trouvèrent coincées entre deux divisions d'infanterie polonaises. La 1er panzerdivision et deux divisions d'infanterie encerclèrent une division ennemie et l'intervention de la 2e division légère permit d'améliorer la situation. Le lendemain, les Polonais commencèrent à se replier vers les rives de la Warta. La brigade de cavalerie Krakowska fut anéantie par la 3e division légère.

Cette opération permit d'ouvrir une brèche dans le dispositif défensif polonais. La route vers Varsovie était désormais ouverte. Mais, les Allemands avaient subi de lourdes pertes.

L'armée Poznań, commandée par le général Tadeusz Kutrzeba, se trouvait isolée en Poméranie. Les unités allemandes la menaçaient d'un encerclement total. Conscient du danger, Kutrzeba demanda la permission de se replier ou bien d'attaquer vers le nord. Rydz-Smigly, cherchant à éviter une bataille décisive à l'ouest de la Vistule, refusa.

La 7e division polonaise fut détruite lors d'une attaque convergente menée par trois divisions allemandes. Après de violents combats, la 4e panzerdivision réussit à faire reculer une brigade de cavalerie. La 1er panzerdivision traversa la Warta sur un pont encore intact. Le 4 septembre, la brèche entre les armées Łódź et Kraków était importante. Au prix de lourdes pertes, l'armée Kraków put maintenir son flanc sud grâce au terrain montagneux qui lui permit de réaliser un repli ordonné.

Du 4 au 5 septembre se déroula la bataille de Piotrków. Le maréchal Walther von Reichenau lança ses chars entre Łódź et Kraków afin d'ouvrir définitivement la route de Varsovie. Tandis que la 4e panzerdivision traversait la rivière Pilica, la 1er panzerdivision attaquait la ville de Piotrków. Les unités de reconnaissance allemandes s'engouffrèrent dans une faille du dispositif défensif polonais et encerclèrent les défenseurs. Dans les environs de cette localité eut lieu l'un des rares affrontements entre chars de la campagne. Le 5, les 7TP du 2e bataillon de chars polonais mirent hors de combat 17 chars allemands et 14 véhicules blindés. De son côté, le 2e bataillon ne perdit que deux véhicules.

À la fin de la journée du 5, la route de Varsovie était ouverte. Pris de vitesse par l'avancée allemande et l'inefficacité de ses défenses, le haut-commandement polonais ordonna le repli général vers des positions situées à l'est de la Vistule et de la Dunajec. Les armées Łódź, Kraków et Prusy prirent position à l'est de la Vistule tandis que l'armée Poznań se repliait vers l'est. Au sud, la 2e panzerdivision et la 3e brigade d'infanterie de montagne avaient réussi à vaincre la résistance acharnée de la 10e brigade mécanisée. La route de Cracovie était désormais libre.

La 4e panzerdivision arriva aux alentours de la Varsovie. Le 8 septembre, après avoir prit l'aérodrome d'Okecie, elle attaqua par l'ouest les défenses extérieures récemment installées. Son offensive fut un échec. Les Allemands perdirent environ 60 véhicules blindés dans l'opération. La 4e panzer se retira alors et commença à encercler la capitale.

Informés de la retraite des forces polonaises, les commandants des unités allemandes demandèrent à l'état-major de modifier ses plans car il devenait évident qu'il fallait progresser davantage vers l'est pour encercler et détruire l'ennemi. Mais, craignant une offensive française à l'ouest, Von Brauchitsch s'y opposa. Jusqu'au 5, il interdit à von Bock d'avancer plus loin. Ce ne fut que quatre jours plus tard, lorsque l'intention polonaise de se replier pour éviter le siège ne fit plus de doute, que les unités allemandes furent autorisées à reprendre leurs avancées.

Alors que les armées centrales polonaises se repliaient vers la Vistule, les Polonais s'aperçurent que les unités motorisées allemandes les dépassaient par les flancs. Rydz-Smigly voulait à tout prix éviter une bataille à l'ouest de la Vistule. Les Polonais comptaient sur l'intervention de la France et de la Grande-Bretagne qui n'interviendront jamais. L'intervention française se limita à une opération limitée dans la Sarre. Si les Alliés étaient passés à l'attaque, ils n'auraient rencontré qu'une faible résistance car la majeure partie des troupes allemandes se trouvaient à l'est. Ils loupèrent ainsi une occasion unique qui aurait pu modifier le cours de la guerre.

La première semaine de combats avait été décisive. Sur un front totalement détruit, les Allemands multiplièrent les incursions en territoire polonais. Le système défensif adverse fut complètement démantelé. La Luftwaffe avait détruit ses moyens de communication, de sorte que les états-majors se trouvaient isolés les uns des autres ainsi que la plupart de leurs unités. Les Allemands progressaient dangereusement et Varsovie se voyait menacée au nord, au sud et à l'ouest.

Le 7, Rydz-Smigly constitua l'armée Lublin avec les unités de réserve disponibles. Celle-ci avait pour mission de défendre le centre du pays. Rydz-Smigly prit la décision de transférer l'état-major à Brest-Litovsk, estimant que la capitale serait bientôt encerclée. Étant donné le chaos des communications, cette initiative lui fit perdre le peu de contrôle qui lui restait. Le même jour, les avant-gardes motorisées de la 4e division légère allemande traversèrent la Vistule à Szczecin. Allemands et Polonais se livrèrent alors à une course au fleuve, les seconds dans l'intention d'établir une ligne défensive, les premiers pour les en empêcher.

Le 9, un double siège menaçait les troupes polonaises. À l'ouest de la Vistule et de Varsovie, les armées Łódź, Poméranie et Poznań étaient menacées par les IIIe et IVe armées au nord, et les VIIIe et Xe armées au sud. À l'est de la Vistule, grâce à leur progression rapide, les IIIe et XIVe armées allemandes avaient dépassé un grand nombre d'unités polonaises. Le 10, Rydz-Smigly tenta de réorganiser ses forces à l'est de la Vistule. Sans succès.

Alors qu'au nord, la situation se stabilisait – les Allemands réorganisaient leurs forces pour une prochaine offensive –, au centre, elle se détériorait de façon alarmante pour les Polonais. En effet, les avants-gardes allemandes progressaient en masse entre les armées de Łódź et de Prusy.

Le 14, la 10e panzerdivision entra à Brest-Litovsk. Mais, il faudra attendre le 17 et l'arrivée de renforts pour que la citadelle tombe aux mains des Allemands. Après avoir renforcées la ville, la 3e panzerdivision et la 2e division d'infanterie progressèrent en direction de Kobrin tandis que la IIIe armée entrait dans la banlieue de Varsovie.

Au sud, les combats aboutirent à la destruction de l'armée polonaise en retraite. L'une des batailles les plus meurtrières se déroula sur la Bzura, dans le secteur de la VIIIe armée. Après avoir pris Łódź le 8, les 9e et 13e Corps d'armée avancèrent vers le nord-est, tandis que la Xe armée progressait le long de la Bzura, vers Varsovie.

Le général Kutrzeba, commandant l'armée de Poznań, obtint l'autorisation de lancer une contre-attaque le 9. Pour cette attaque, Kutrzeba disposait de trois divisions d'infanterie, des brigades de cavalerie Podolska et Wielkopolska, et de six autres divisions d'appui. Après une journée de combat, la 30e division allemande, attaquée par surprise, commença à se replier. Les Allemands envoyèrent des renforts. Von Rundstedt ordonna à la 1ère et à la 4e division de panzers, stationnées dans les environs de Varsovie, de revenir vers l'ouest pour dissuader toute tentative de l'armée Poznań de se frayer un chemin vers la capitale. L'arrivée d'importants renforts ennemis poussa Kutrzeba à interrompre son offensive et à se replier, mais il était trop tard.

Le haut-commandement polonais ordonna à Kutrzeba de foncer vers Radom, afin de se replier vers la Roumanie. Cette tentative se termina par l'encerclement de ses troupes. Les Allemands pilonnèrent, avec leur artillerie et leur aviation, la poche dans laquelle les troupes polonaises étaient encerclées. Ces dernières subirent de lourdes pertes. Elles tentèrent plusieurs fois de se dégager, sans succès. Le 17, dans le secteur de la forêt de Kampinos, les deux brigades de cavalerie et des soldats de deux divisions d'infanterie réussirent à s'échapper. Le reste des unités polonaises fut détruit ou capturé.

 

 

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