jeudi 7 novembre 2013

L’histoire du 3ème Reich (6)

L’histoire du 3ème Reich (6)La déportation méconnue des homosexuels s’estimerait à 75 000 victimes. Mais avec la destruction des dossiers, ce chiffre n’est qu’une estimation et peut être plus important. N'ont été déportés que les homosexuels des territoires allemands ou annexés.
Il est souvent fait référence au fait que Hitler était végétarien. Cela serait dû à une prescription d’ordre médical (qu’il ne respectait pas à la lettre) et à des fins de propagande visant à le faire passer pour un ascète entièrement dédié à son peuple. S'il fit à plusieurs reprises l'apologie du régime végétarien, il ne le mit jamais en pratique pour lui-même.
Albert Speer et Robert Payne, deux des plus importants biographes d’Hitler, démontrent dans leurs livres qu'il n’était pas végétarien. De plus, il fit bannir les organisations végétariennes d’Allemagne quand il arriva au pouvoir. Il arrêta leurs responsables et fit cesser la parution de la principale revue végétarienne publiée à Francfort. La persécution nazie força les végétariens allemands soit à quitter le pays, soit à vivre dans la clandestinité. Dione Lucas, qui a travaillé à l’hôtel Hambourg avant la guerre, se souvient comment elle devait préparer pour Hitler son plat favori : « Je ne voudrais pas vous couper l’appétit pour le pigeon rôti », écrit-elle dans son livre de cuisine, « mais vous serez intéressé de savoir que c’était le plat favori de monsieur Hitler, qui dînait à l’hôtel très souvent ».
Les textes d'Hitler sur les animaux sont peu nombreux ; il y fait référence dans Mein Kampf pour justifier ses thèses racistes en prenant l'exemple de la sélection naturelle et, dans ses conversations privées, il ennuya son auditoire par de longues tirades sur les chiens-loups. Par contre, sans en être précurseur, la propagande nazie reprend à son compte la protection animale et développe la législation la plus vaste et élaborée de l'époque à ce sujet.
« Dans le nouveau Reich, il ne devra plus y avoir de place pour la cruauté envers les bêtes. » (Extrait d’un discours d’Adolf Hitler, ces propos inspirant la loi du 24 novembre 1933 sur la protection des animaux : « Tierschutzgesetz »). Selon ses auteurs, Giese et Kahler, cette loi se veut en rupture avec les thèses anthropocentristes de la civilisation chrétienne : l’animal est maintenant protégé en tant qu’être naturel, pour ce qu’il est, et non par rapport aux hommes. Toute une tradition humaniste, voire humanitariste, défendait l’idée qu’il fallait, certes, interdire la cruauté envers les animaux, mais davantage parce qu’elle traduisait une mauvaise disposition de la nature humaine, voire parce qu’elle risquait d’inciter les êtres humains à la violence, que parce qu’elle portait préjudice aux bêtes en tant que telles.
Cette loi de protection animale se trouve donc depuis quelques années au centre d’un débat historico-philosophique. Mais la paternité nazie de l’écologie profonde a du mal à faire l’unanimité chez les historiens. Que le IIIe Reich ait promulgué les plus importantes législations qui soient à l’époque touchant la protection de la nature et des animaux est essentiellement due à la frénésie législative nazie (destinée à masquer l'illégalité installée). La volonté propagandiste de cette législation laisse peu de place au doute, le régime nazi souhaitant soigner son image chez les déjà puissantes associations écologistes allemandes (regroupées dans une structure nazifiée) et selon Élisabeth Hardoin-Fugier, qui a écrit l’essai La Protection législative de l’animal sous le nazisme, celle-ci n’était pas vraiment suivie dans la pratique et ne servait qu’à des fins de propagande.
À l'image de ses idées sur l'humanité, Hitler ne reconnaissait pas une égalité entre les animaux. S'il était admiratif des chiens-loups (notamment de sa chienne berger allemand Blondi), il n'avait que du mépris pour les bichons d'Eva Braun. Quant à l'"éthique" du régime nazi envers les animaux, elle était bien sélective en concernant essentiellement les animaux de compagnie et en ce que ces derniers, s'ils avaient appartenu à des juifs, étaient massacrés après l'arrestation de leurs maîtres.
Comme son homologue totalitaire Joseph Staline, Hitler vivait, surtout pendant la guerre, en reclus et en décalage temporel, menant dans ses divers QG une vie morne, monotone et essentiellement nocturne, dont il imposait l'ennui à tout son entourage.
Avant de s'y terrer après 1941, notamment à la « Tanière du Loup » ou Wolfsschanze vers Rastenburg, il est toujours officiellement domicilié à Munich (il boudera Berlin toute sa vie) et plus encore, il aime à satisfaire son goût romantique pour les montagnes à sa résidence secondaire alpine de Berchtesgaden, le Berghof, doublée du panoramique Nid d'aigle. Sur l'Obersalzberg viennent aussi habiter quelques-uns de ses principaux courtisans et intimes.
Ne connaissant guère d'autres passions que celle du pouvoir, Hitler ne buvait ni ne fumait (le tabac était rigoureusement proscrit en sa présence), il mangeait généralement végétarien (cf. infra pour précision), et sa vie sentimentale et sexuelle n'a jamais été que réduite au strict minimum. Se présentant à son peuple comme mystiquement marié à l'Allemagne, pour justifier et instrumentaliser son célibat, il a caché aux Allemands l'existence d'Eva Braun pendant toute la durée du IIIe Reich, négligeant souvent celle-ci et lui interdisant de paraitre en public voire de venir à Berlin, et la confinant le plus possible en Bavière. Sa jeune nièce Geli Raubal, avec laquelle il avait eu une liaison, s'était suicidée en 1931 dans sa chambre de Munich. Pour Ian Kershaw, en choisissant des femmes nettement moins âgées que lui (16 ans de moins dans le cas d'Eva Braun), et en conservant la distance (sa future épouse d'un jour ne devait l'appeler que Mein Führer), Hitler s'assurait de pouvoir garder intacte sa domination narcissique et égoïste sur elles.
Les images célèbres de l'orateur Hitler en train de vociférer ou d'éructer avec force gestes frénétiques ne doivent pas non plus donner une idée réductrice de ses talents propagandistes. En réalité, avant d'en arriver à ces points d'orgue fameux qui électrisaient l'assistance, Hitler savait varier les tons, construire sa progression et doser son débit, lequel ne s'accélérait que graduellement.
Autodidacte, son instruction hâtive a toujours laissé à désirer. Sa bibliothèque ne contenait que 1 500 volumes (contre 20 000 pour celle de Staline), dont fort peu d'ouvrages authentiquement scientifiques ou philosophiques. Il n'a jamais lu Marx, a persécuté Freud (décimant aussi sa famille), et a déformé grossièrement la pensée de Nietzsche afin de mieux faire cadrer ses lectures avec son idéologie personnelle. Il ne connaissait aucune langue étrangère, son interprète attitré Paul Schmidt se chargeant de lui traduire la presse extérieure ou l'accompagnant dans toutes les rencontres internationales. Myope, mais refusant par vanité de porter des lunettes, il fallait lui présenter chaque matin la presse allemande dans une édition aux caractères spécialement grossis pour lui. Prompt à exalter et à embrigader le sport, il ne faisait jamais le moindre exercice de culture physique.
À suivre
L’histoire du 3ème Reich (5)

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