La colère de Jésus contre les marchands du Temple
Publié le 18/06/2013 à 12:47 dans Messages bibliques - Ajouter un commentaire
La colère de Jésus contre les marchands du Temple
L’image d’un Jésus violent en train de chasser les marchands du Temple de Jérusalem est ancrée dans l’inconscient collectif. Elle a servi pendant des siècles à légitimer « la bonne violence », comme s’il pouvait exister une violence qui soit bonne ! Il en va tout différemment si l’on prend soin de lire les quatre évangiles. La colère de Jésus au Temple résulte d’une forte indignation et aucun texte ne parle de coups portés sur des marchands ni de propos blessants. Nous sommes au contraire en présence d’une action typiquement non-violente, où la colère apparaît comme courageuse et juste.
Le Temple de Jérusalem est au centre de la vie religieuse du peuple d'Israël. L'occupant romain laisse les Juifs gérer eux-mêmes ce haut lieu de prière, devenu aussi un lieu de commerce. Jésus est allé plusieurs fois au temple de Jérusalem et il a observé ce qui s'y passe (Luc 2, 41 s ; Jean 2, 13 s ; 5, 1 ; 7, 14).
Chrétiens ou non, nous avons en tête l'image de Jésus qui chasse les marchands du Temple. Et le plus souvent, nous associons à cette action un déchaînement de violence qui démontrerait à coup sûr que le Nazaréen n'a pas toujours été non violent. Il a pris un fouet et il aurait frappé les marchands. Si notre imaginaire véhicule de la violence dans le « vidage» du Temple, il faut peut-être s'en prendre à d'anciens tableaux religieux qui ont su graver dans l'inconscient collectif une scène non conforme aux textes de l'Évangile. La véritable affaire du Temple nous intéresse, non seulement parce qu’elle campe un Jésus en colère mais aussi parce nous y voyons à l'œuvre le principe de non-coopération qui se trouve à la base de la logique d’action non violente.
Une loi ou une institution n'a de pouvoir que si coopèrent avec elle ceux auxquels elle s'adresse. À partir du moment où les hommes refusent de collaborer avec la loi ou l'institution qui les concerne, parce qu'ils la considèrent injuste, ceux qui en profitaient voient se tarir la source de leur pouvoir. Le principe de non-coopération a été élaboré par Gandhi. Il aimait à préciser: « Pour obtenir réparation de l'injustice, nous devons refuser d'attendre que le coupable ait pris conscience de son iniquité. Il ne faut pas que, de peur de souffrir nous-mêmes ou d'en voir souffrir d'autres, nous restions complices. Au contraire, il faut combattre le mal en cessant d'apporter notre concours au malfaiteur d'une manière directe ou indirecte »
L’image d’un Jésus violent en train de chasser les marchands du Temple de Jérusalem est ancrée dans l’inconscient collectif. Elle a servi pendant des siècles à légitimer « la bonne violence », comme s’il pouvait exister une violence qui soit bonne ! Il en va tout différemment si l’on prend soin de lire les quatre évangiles. La colère de Jésus au Temple résulte d’une forte indignation et aucun texte ne parle de coups portés sur des marchands ni de propos blessants. Nous sommes au contraire en présence d’une action typiquement non-violente, où la colère apparaît comme courageuse et juste.
Le Temple de Jérusalem est au centre de la vie religieuse du peuple d'Israël. L'occupant romain laisse les Juifs gérer eux-mêmes ce haut lieu de prière, devenu aussi un lieu de commerce. Jésus est allé plusieurs fois au temple de Jérusalem et il a observé ce qui s'y passe (Luc 2, 41 s ; Jean 2, 13 s ; 5, 1 ; 7, 14).
Chrétiens ou non, nous avons en tête l'image de Jésus qui chasse les marchands du Temple. Et le plus souvent, nous associons à cette action un déchaînement de violence qui démontrerait à coup sûr que le Nazaréen n'a pas toujours été non violent. Il a pris un fouet et il aurait frappé les marchands. Si notre imaginaire véhicule de la violence dans le « vidage» du Temple, il faut peut-être s'en prendre à d'anciens tableaux religieux qui ont su graver dans l'inconscient collectif une scène non conforme aux textes de l'Évangile. La véritable affaire du Temple nous intéresse, non seulement parce qu’elle campe un Jésus en colère mais aussi parce nous y voyons à l'œuvre le principe de non-coopération qui se trouve à la base de la logique d’action non violente.
Une loi ou une institution n'a de pouvoir que si coopèrent avec elle ceux auxquels elle s'adresse. À partir du moment où les hommes refusent de collaborer avec la loi ou l'institution qui les concerne, parce qu'ils la considèrent injuste, ceux qui en profitaient voient se tarir la source de leur pouvoir. Le principe de non-coopération a été élaboré par Gandhi. Il aimait à préciser: « Pour obtenir réparation de l'injustice, nous devons refuser d'attendre que le coupable ait pris conscience de son iniquité. Il ne faut pas que, de peur de souffrir nous-mêmes ou d'en voir souffrir d'autres, nous restions complices. Au contraire, il faut combattre le mal en cessant d'apporter notre concours au malfaiteur d'une manière directe ou indirecte »
Jésus n'a pas voulu être complice de ce qui se passait au Temple de Jérusalem. Il est passé de l’indignation à une juste colère, rompant ainsi courageusement le lourd silence de ses contemporains.
Notre véritable tentation face à une injustice est de ne rien dire et de ne rien faire, de peur d'avoir des ennuis. Jésus a refusé une collaboration de ce genre avec les marchands, pourtant installés légalement dans l'enceinte du Temple.
Comprendre le contexte
Comment Jésus perçoit-il le Temple de Jérusalem ? Ce monument, magnifiquement reconstruit par Hérode le Grand, se dresse au milieu d'une grande esplanade fermée par une enceinte. Dans le Saint-des-Saints, qu'un rideau sépare du reste du bâtiment, le grand prêtre pénètre une fois par an. Là, avaient été déposées, avant l'Exil, les Tables de la Loi, transmises par Moïse.
Dans le Temple, en face du Saint-des-Saints, il y a un gigantesque autel de pierre, de vingt-cinq mètres de côté. C'est ici que les prêtres immolent taureaux, génisses, agneaux, colombes et tourtereaux. Le sanctuaire proprement dit est entouré de l'esplanade. Elle fait partie du Temple. Cette esplanade, appelée encore « parvis des païens », est de fait une grande place publique entourée de colonnes. Des centaines de marchands s'y tiennent, surtout les jours de fête où affluent les pèlerins. C'est là que les changeurs de monnaie et les marchands d'animaux font leur commerce.
Toute l'esplanade du Temple se transforme en vaste bazar à l'époque des pèlerinages. Il faut nourrir les voyageurs. Jérusalem est une ville chère. Un texte de l'époque rapporte que pour un as on obtenait vingt figues à la campagne mais seulement quatre ou cinq à Jérusalem. Un couple d'oiseaux pour le sacrifice coûtait un denier d'argent à la campagne mais il s'achetait un denier d'or à Jérusalem, soit vingt-cinq fois plus. Les produits des villages environnants, destinés à nourrir les pèlerins, passaient directement des producteurs aux consommateurs, mais le prétexte du voyage et les taxes du Temple faisaient que les prix étaient parfois multipliés par cinquante.
Sur l'esplanade du Temple, on trouve des vendeurs à la sauvette, des petits boutiquiers et de gros commerçants. Ces derniers appartiennent à la famille du grand-prêtre. Ils vendent le petit et le gros bétail. À l'occasion du pèlerinage de la Pâque, la demande en agneaux est très forte. L'historien Joseph, à l’époque romaine, parle de 255 600 têtes. À d'autres occasions, on immole sur l'autel du Temple des dizaines de bœufs. On parle alors d'« hécatombe » ! Ces multiples sacrifices rituels ont un but, selon le discours des autorités religieuses, celui d'observer les prescriptions de la Loi pour recouvrer la pureté et honorer Dieu.
Entre le discours officiel et la volonté de Dieu, il y a un fossé que Jésus refuse de franchir. À quoi sert pour l'homme d'offrir des animaux en sacrifice s'il ne change pas son cœur et ses pensées ? Déjà par le passé, les prophètes de l’Ancien testament - les devanciers de Jésus - ont critiqué le système sacrificiel prétendument voulu par Dieu. Pour Osée: « Oracle du Seigneur: c'est l'amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes » (Osée 6, 6 ; voir Mt 9, 13). Du prophète Isaïe : « Écoutez la parole du Seigneur : (...) Que m'importent vos prières, moi je ne les écoute pas. Vos mains sont pleines de sang, lavez-vous, purifiez-vous ! Otez de ma vue vos actions perverses ! Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien ! » (Isaïe 1, 10-16). Jérémie n'y va pas non plus par quatre chemins : « Vous vous fiez à des paroles mensongères, à ce qui est vain. Quoi ! Vous volez, vous tuez ! Et ensuite vous vous présentez au Temple et vous dites : " Nous voilà en sûreté", pour continuer toutes ces abominations ! « À vos yeux, est-ce un repaire de brigands, ce Temple qui porte mon nom ? » (Jérémie 7, 8-11).
Notre véritable tentation face à une injustice est de ne rien dire et de ne rien faire, de peur d'avoir des ennuis. Jésus a refusé une collaboration de ce genre avec les marchands, pourtant installés légalement dans l'enceinte du Temple.
Comprendre le contexte
Comment Jésus perçoit-il le Temple de Jérusalem ? Ce monument, magnifiquement reconstruit par Hérode le Grand, se dresse au milieu d'une grande esplanade fermée par une enceinte. Dans le Saint-des-Saints, qu'un rideau sépare du reste du bâtiment, le grand prêtre pénètre une fois par an. Là, avaient été déposées, avant l'Exil, les Tables de la Loi, transmises par Moïse.
Dans le Temple, en face du Saint-des-Saints, il y a un gigantesque autel de pierre, de vingt-cinq mètres de côté. C'est ici que les prêtres immolent taureaux, génisses, agneaux, colombes et tourtereaux. Le sanctuaire proprement dit est entouré de l'esplanade. Elle fait partie du Temple. Cette esplanade, appelée encore « parvis des païens », est de fait une grande place publique entourée de colonnes. Des centaines de marchands s'y tiennent, surtout les jours de fête où affluent les pèlerins. C'est là que les changeurs de monnaie et les marchands d'animaux font leur commerce.
Toute l'esplanade du Temple se transforme en vaste bazar à l'époque des pèlerinages. Il faut nourrir les voyageurs. Jérusalem est une ville chère. Un texte de l'époque rapporte que pour un as on obtenait vingt figues à la campagne mais seulement quatre ou cinq à Jérusalem. Un couple d'oiseaux pour le sacrifice coûtait un denier d'argent à la campagne mais il s'achetait un denier d'or à Jérusalem, soit vingt-cinq fois plus. Les produits des villages environnants, destinés à nourrir les pèlerins, passaient directement des producteurs aux consommateurs, mais le prétexte du voyage et les taxes du Temple faisaient que les prix étaient parfois multipliés par cinquante.
Sur l'esplanade du Temple, on trouve des vendeurs à la sauvette, des petits boutiquiers et de gros commerçants. Ces derniers appartiennent à la famille du grand-prêtre. Ils vendent le petit et le gros bétail. À l'occasion du pèlerinage de la Pâque, la demande en agneaux est très forte. L'historien Joseph, à l’époque romaine, parle de 255 600 têtes. À d'autres occasions, on immole sur l'autel du Temple des dizaines de bœufs. On parle alors d'« hécatombe » ! Ces multiples sacrifices rituels ont un but, selon le discours des autorités religieuses, celui d'observer les prescriptions de la Loi pour recouvrer la pureté et honorer Dieu.
Entre le discours officiel et la volonté de Dieu, il y a un fossé que Jésus refuse de franchir. À quoi sert pour l'homme d'offrir des animaux en sacrifice s'il ne change pas son cœur et ses pensées ? Déjà par le passé, les prophètes de l’Ancien testament - les devanciers de Jésus - ont critiqué le système sacrificiel prétendument voulu par Dieu. Pour Osée: « Oracle du Seigneur: c'est l'amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes » (Osée 6, 6 ; voir Mt 9, 13). Du prophète Isaïe : « Écoutez la parole du Seigneur : (...) Que m'importent vos prières, moi je ne les écoute pas. Vos mains sont pleines de sang, lavez-vous, purifiez-vous ! Otez de ma vue vos actions perverses ! Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien ! » (Isaïe 1, 10-16). Jérémie n'y va pas non plus par quatre chemins : « Vous vous fiez à des paroles mensongères, à ce qui est vain. Quoi ! Vous volez, vous tuez ! Et ensuite vous vous présentez au Temple et vous dites : " Nous voilà en sûreté", pour continuer toutes ces abominations ! « À vos yeux, est-ce un repaire de brigands, ce Temple qui porte mon nom ? » (Jérémie 7, 8-11).
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