dimanche 20 octobre 2013

Message biblique N° 44HJ


Message biblique N° 44HJ

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18, 1-8


Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Je ne respecte pas Dieu, je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.’ Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Le contexte, toujours

Une fois de plus, si nous cherchons à comprendre le passage d'évangile qui nous est proposé aujourd'hui sans le remettre de son contexte, nous sommes certains d'aller dans le mur. En effet, toute notre expérience personnelle et collective s’inscrit en faux contre les propos de Jésus. Que de fois ne nous est-il pas arrivé de prier avec confiance, insistance, persévérance, et de n'être pas exaucé. L'expérience est banale, universelle. J'ai demandé la guérison d'un parents proche, d'un ami très cher, et la guérison ne s'est pas opérée. On me répondra que des guérisons miraculeuses, cela existe. D'accord. Mais dans quelle proportion. Et d'ailleurs, raisonnablement, pourquoi faudrait-il que Dieu intervienne pour modifier le cours des choses ?

Si Jésus a prononcé de tels propos, c'est dans une intention tout autre que celle que nous supposons. Et pour comprendre quelle était son intention, il nous faut nous replacer dans les circonstances qui sont à l'origine de son invitation à la prière constante et persévérante. Donc lire Luc 17, à partir du verset 20. La question posée par les pharisiens à Jésus est celle-ci : « Quand donc vient le Règne de Dieu ? » Depuis des décennies, cette question était la grande question pour les contemporains de Jésus, et particulièrement pour les pharisiens. La situation politique, économique, sociale était désastreuse. Non seulement à cause de l'occupation romaine, mais parce que la plupart des gens n'avaient plus aucune perspective d'avenir. Les promesses divines, répercutées par les prophètes, étaient restées sans effet, si bien que la population se demandait si Dieu ne faisait pas la tête, s'il n'avait pas laissé tomber son peuple. « Ah, si tu déchirais les cieux », lui disaient-ils. Ils lui demandaient donc d'intervenir, de « faire advenir son Règne ». Un Règne qui, dans leur esprit, n'avait rien de spirituel, mais comportait bien plutôt une idée de pouvoir, de pouvoir libérateur. Comme en d'autres temps, lorsque la royauté avait permis l'indépendance et la prospérité. Voilà quelle était la prière des contemporains de Jésus lorsqu'ils demandaient déjà à Yahvé « Que ton Règne vienne »

Il est déjà là

La réponse de Jésus à la question des Pharisiens est nette et précise : « Le Règne de Dieu est parmi vous. » Il est déjà là. Réponse difficile à comprendre. Ses interlocuteurs cherchaient des signes visibles, concrets, de l'avènement du Règne de Dieu, et voilà que Jésus leur déclare que les signes perceptibles de cette venue n'existent pas. Alors, qu'en est-il ? Et comment est-il possible d'accueillir la venue du Règne s'il n'y a rien à voir ? C'est une question de foi, explique Jésus. Il s'agit d'apprendre à reconnaître les « signes des temps » de la même manière que l'on sait prévoir le beau temps ou la pluie à la couleur du ciel (12, 54-56). En d'autres termes, il s'agit de reconnaître en la personne et l'action de Jésus les signes inauguraux de la venue du Règne de Dieu. Et cela, c'est une question de foi.

Suit, dans l'évangile de Luc, l'annonce par Jésus, non plus aux Pharisiens, mais à ses propres disciples, de l'accomplissement final de ce Règne qu'il vient simplement d'inaugurer. Ce sera le jour de l'évènement du Fils de l'homme lors de ce qu'il appelle « son Jour » Luc, s'inspirant des mêmes sources que Matthieu, annonce la fin du monde et l'avènement définitif du monde nouveau, un monde enfin parfaitement réussi.

Crier vers lui sans perdre patience

Mais en attendant, il faut vivre au milieu des péripéties d'une existence passablement perturbée : guerres, conflits en tous genres, divisions et règne de l'injustice et de la violence, bref, ce que nous connaissons aujourd'hui encore, comme l'ont vécues les générations précédentes, avec tous leurs malheurs et toutes les catastrophes, car jusqu’à ce jour, rien n’à changer. Vivre ces péripéties dans la foi, c'est la recommandation pressante de Jésus, et la pointe de la parabole de la pauvre veuve et du juge inique qui termine cette page d'évangile. Traduisons l'histoire de Jésus : il souhaite que nous ayons une foi aussi persévérante dans les temps que nous vivons que la confiance persévérante de la pauvre veuve. Elle aurait pu se dire que, vu son état de miséreuse et la dureté de cœur du juge auquel elle s'adressait, elle était en train de perdre son temps. Elle aurait pu se décourager et renoncer. Eh bien non : elle continuera à présenter sa requête, confiante qu'elle est en la force de son opiniâtreté. De même, nous dit Jésus, il nous faut manifester notre confiance en Dieu – c'est cela, la foi - et ne pas renoncer, même lorsque tout semble aller de travers. Faire confiance et « crier vers lui sans perdre cœur », comme nous le chantons quelquefois.

Qu'allons-nous répondre à Jésus qui se demande d'un air désabusé qu'il trouvera encore la foi sur la terre lors de son retour à la fin des temps ? Si notre attitude est une attitude de démission devant les aléas de la vie, les misères et les souffrances de ce temps, si nous ne manifestons plus aucune confiance en l'avenir, la foi disparaitra, effectivement. Mais, Dieu merci, aujourd'hui comme hier, beaucoup d'hommes, de femmes et de jeunes continuent à marcher avec confiance et à contribuer à la construction d'un avenir plus beau, selon le dessein de Dieu, et à manifester ainsi la puissance de son amour pour l'humanité.

 

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