Message biblique N° 44HJ
Évangile de Jésus Christ selon
saint Luc 18, 1-8
Jésus dit une parabole pour
montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager : « Il y
avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des
hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander :
‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit
: ‘Je ne respecte pas Dieu, je me moque des hommes, mais cette femme commence à
m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse
me casser la tête.’ Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans
justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et
nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il
leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la
foi sur la terre ? »
Le contexte, toujours
Une fois de plus, si nous
cherchons à comprendre le passage d'évangile qui nous est proposé aujourd'hui
sans le remettre de son contexte, nous sommes certains d'aller dans le mur. En
effet, toute notre expérience personnelle et collective s’inscrit en faux
contre les propos de Jésus. Que de fois ne nous est-il pas arrivé de prier avec
confiance, insistance, persévérance, et de n'être pas exaucé. L'expérience est
banale, universelle. J'ai demandé la guérison d'un parents proche, d'un ami
très cher, et la guérison ne s'est pas opérée. On me répondra que des guérisons
miraculeuses, cela existe. D'accord. Mais dans quelle proportion. Et
d'ailleurs, raisonnablement, pourquoi faudrait-il que Dieu intervienne pour
modifier le cours des choses ?
Si Jésus a prononcé de tels
propos, c'est dans une intention tout autre que celle que nous supposons. Et
pour comprendre quelle était son intention, il nous faut nous replacer dans les
circonstances qui sont à l'origine de son invitation à la prière constante et
persévérante. Donc lire Luc 17, à partir du verset 20. La question posée par
les pharisiens à Jésus est celle-ci : « Quand donc vient le Règne de Dieu ? »
Depuis des décennies, cette question était la grande question pour les
contemporains de Jésus, et particulièrement pour les pharisiens. La situation
politique, économique, sociale était désastreuse. Non seulement à cause de l'occupation
romaine, mais parce que la plupart des gens n'avaient plus aucune perspective
d'avenir. Les promesses divines, répercutées par les prophètes, étaient restées
sans effet, si bien que la population se demandait si Dieu ne faisait pas la
tête, s'il n'avait pas laissé tomber son peuple. « Ah, si tu déchirais les
cieux », lui disaient-ils. Ils lui demandaient donc d'intervenir, de « faire
advenir son Règne ». Un Règne qui, dans leur esprit, n'avait rien de spirituel,
mais comportait bien plutôt une idée de pouvoir, de pouvoir libérateur. Comme
en d'autres temps, lorsque la royauté avait permis l'indépendance et la
prospérité. Voilà quelle était la prière des contemporains de Jésus lorsqu'ils
demandaient déjà à Yahvé « Que ton Règne vienne »
Il est déjà là
La réponse de Jésus à la question
des Pharisiens est nette et précise : « Le Règne de Dieu est parmi vous. » Il
est déjà là. Réponse difficile à comprendre. Ses interlocuteurs cherchaient des
signes visibles, concrets, de l'avènement du Règne de Dieu, et voilà que Jésus
leur déclare que les signes perceptibles de cette venue n'existent pas. Alors,
qu'en est-il ? Et comment est-il possible d'accueillir la venue du Règne s'il
n'y a rien à voir ? C'est une question de foi, explique Jésus. Il s'agit
d'apprendre à reconnaître les « signes des temps » de la même manière que l'on
sait prévoir le beau temps ou la pluie à la couleur du ciel (12, 54-56). En
d'autres termes, il s'agit de reconnaître en la personne et l'action de Jésus
les signes inauguraux de la venue du Règne de Dieu. Et cela, c'est une question
de foi.
Suit, dans l'évangile de Luc,
l'annonce par Jésus, non plus aux Pharisiens, mais à ses propres disciples, de
l'accomplissement final de ce Règne qu'il vient simplement d'inaugurer. Ce sera
le jour de l'évènement du Fils de l'homme lors de ce qu'il appelle « son Jour »
Luc, s'inspirant des mêmes sources que Matthieu, annonce la fin du monde et
l'avènement définitif du monde nouveau, un monde enfin parfaitement réussi.
Crier vers lui sans perdre patience
Mais en attendant, il faut vivre
au milieu des péripéties d'une existence passablement perturbée : guerres,
conflits en tous genres, divisions et règne de l'injustice et de la violence,
bref, ce que nous connaissons aujourd'hui encore, comme l'ont vécues les
générations précédentes, avec tous leurs malheurs et toutes les catastrophes,
car jusqu’à ce jour, rien n’à changer. Vivre ces péripéties dans la foi, c'est
la recommandation pressante de Jésus, et la pointe de la parabole de la pauvre
veuve et du juge inique qui termine cette page d'évangile. Traduisons
l'histoire de Jésus : il souhaite que nous ayons une foi aussi persévérante
dans les temps que nous vivons que la confiance persévérante de la pauvre
veuve. Elle aurait pu se dire que, vu son état de miséreuse et la dureté de
cœur du juge auquel elle s'adressait, elle était en train de perdre son temps.
Elle aurait pu se décourager et renoncer. Eh bien non : elle continuera à
présenter sa requête, confiante qu'elle est en la force de son opiniâtreté. De
même, nous dit Jésus, il nous faut manifester notre confiance en Dieu – c'est
cela, la foi - et ne pas renoncer, même lorsque tout semble aller de travers.
Faire confiance et « crier vers lui sans perdre cœur », comme nous le chantons
quelquefois.
Qu'allons-nous répondre à Jésus
qui se demande d'un air désabusé qu'il trouvera encore la foi sur la terre lors
de son retour à la fin des temps ? Si notre attitude est une attitude de
démission devant les aléas de la vie, les misères et les souffrances de ce
temps, si nous ne manifestons plus aucune confiance en l'avenir, la foi
disparaitra, effectivement. Mais, Dieu merci, aujourd'hui comme hier, beaucoup
d'hommes, de femmes et de jeunes continuent à marcher avec confiance et à
contribuer à la construction d'un avenir plus beau, selon le dessein de Dieu,
et à manifester ainsi la puissance de son amour pour l'humanité.
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