mardi 2 février 2016

Roman d’amour d’Emilie Rose (1)



Roman d’amour d’Emilie Rose (1)
Promesses à Sutherland Farm, d’Emilie Rose
Une main posée sur son ventre, Megan a du mal à assimiler la nouvelle. Xavier, dont elle partage la vie depuis des mois, va en épouser une autre... Un mariage arrangé, dit-il, auquel il ne peut se soustraire. Tremblante, vibrante de colère, Megan s'enfuit à Sutherland Farm. Là, au milieu des chevaux qu'elle aime tant, elle pourra se ressourcer, elle en est sûre. Et préparer l'arrivée du bébé de l'homme qui vient cruellement de briser son cœur et ses rêves. Mais au moment où elle commence à reprendre son destin en main, Megan apprend que Xavier a loué le ranch voisin du sien...
Les tabloïds ont encore frappé !
Après cette déclaration à l’emporte-pièce, Megan Sutherland laissa tomber le journal sur la table de la cuisine, juste devant Xavier. Puis elle se pencha vers lui pour l’enlacer par-derrière, se délectant de la chaleur de son cou, de l’odeur subtile de son parfum personnalisé, de la fermeté de son torse, de sa chevelure brune et épaisse qui lui chatouillait la joue.
Comme toujours, cette intimité déclencha en elle un frisson de bonheur et d’anticipation. Un jour ou l’autre, les trois mots qu’elle luttait ardemment pour ne pas prononcer finiraient par lui échapper. Mais aujourd’hui encore, elle les refoula : Xavier n’était pas prêt à les entendre. Tout comme il ne l’était pas pour la nouvelle qu’elle avait à lui annoncer.
S’efforçant de penser à autre chose, elle se dirigea vers la cafetière pour se doper à la caféine en vue d’affronter la journée bien chargée qui l’attendait.
— Donnez quelques millions de dollars à un homme, plus un empire dans le monde de la parfumerie, et vous pouvez être sûr que les tabloïds déborderont de créativité. C’est incroyable, tu ne trouves pas ? fit‑elle en le regardant par-dessus son épaule.
Il ne répliqua pas par le rire joyeux qui ne manquait jamais de la troubler : la cuisine demeura curieusement silencieuse tandis qu’elle remplissait sa tasse de café.
Surprise, elle se retourna.
— Tu n’as pas entendu ce que je viens de te dire ?
— Si, répondit‑il d’une voix tendue.
La façon dont il fixait la page dépliée devant lui l’inquiéta un peu. Soudain, il leva la tête et leurs regards se croisèrent. Elle sentit son estomac se nouer en apercevant la dureté de ses yeux verts.
— Ce sont des mensonges, n’est‑ce pas, Xavier ? demanda-t‑elle, gorge serrée.
— Non.
Elle fut prise d’un vertige. Sa main trembla, elle agrippa sa tasse. Trop tard. Elle venait de renverser du café sur le sol. Posant la tasse sur le comptoir, elle prit une éponge et se pencha pour essuyer les éclaboussures et se donner le temps de retrouver une contenance. De toute façon, elle n’aurait pas dû boire de café, mais comme le docteur n’avait encore rien confirmé…
Elle ne devait pas se mentir à elle-même ! Elle savait sans l’ombre d’un doute qu’elle portait l’enfant de Xavier.
Lentement, elle se redressa, les jambes en coton.
— Mais l’article prétend que cette blonde est ta fiancée et que tu vas l’épouser dans un an, articula-t‑elle.
— C’est exact.
Elle se figea, tétanisée. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre sa respiration.
— Et nous ? Finit‑elle par demander.
— Tout cela n’a rien à voir avec notre relation, Megan. Ce mariage est arrangé depuis des années.
Cette fois, son sang se glaça.
— Des années ? S’écria-t‑elle. Tu es fiancé depuis des années… et tu ne m’as rien dit ?
— Je n’en ai pas vu l’utilité. Notre relation n’était pas censée durer éternellement. C’était juste une liaison. Et tu le sais depuis le début.
Une liaison ?
Il aurait été moins douloureux pour elle d’être piétinée par un cheval que de l’entendre prononcer des paroles aussi cruelles.
— Je sais qu’au début nous avions dit que c’était une relation sans attache, mais…
Il se trouvait qu’à un moment donné, au cours des six mois qui venaient de s’écouler, elle était tombée amoureuse de Xavier Alexandre. Elle avait succombé à son charme unique, son raffinement mondain et ses prouesses exceptionnelles au lit. Désormais, elle désirait qu’il soit bien plus pour lui qu’une liaison dont elle se souviendrait avec tendresse. Elle le voulait pour toujours… Et elle avait cru qu’il partageait ce désir, puisqu’il passait tout son temps libre avec elle.
Il n’y a pas de « mais » qui tienne, reprit‑il. Il est de mon devoir d’épouser Cécille.
Cécille. Ce prénom fut comme une gifle.
— Est‑ce que tu l’aimes ? trouva-t‑elle la force de demander.
Elle redoutait tellement la réponse qu’elle sentit son estomac se contracter.
— En l’occurrence, mes sentiments n’ont aucune importance, répondit‑il.
— A mes yeux, si !
— Il s’agit d’une transaction, Megan. Rien de plus.
Une transaction ? Comment l’homme le plus passionné qu’il lui ait été donné de rencontrer pouvait‑il se montrer aussi froid et calculateur vis-à-vis d’un sujet aussi important et intime que le mariage ?
— Est‑ce que tu couches avec elle ?
— Cela ne doit pas te préoccuper, Megan !
— Pardon ? Je te rappelle que nous dormons ensemble presque toutes les nuits depuis six mois, ce qui me donne tout de même le droit de savoir si je te partage avec une autre. Est‑ce que tu couches avec elle ? répéta-t‑elle.
— Il n’y a pas eu d’autre femme depuis toi, lui répondit‑il. Est‑ce que cela te satisfait, ma cavalière préférée ?
Il avait insisté sur ces mots, mais cette fois, cela ne la fit pas sourire. Pas plus que le fait de savoir qu’il n’était pas passé de son lit à celui d’une autre ne la calma !
— Tu as donc l’intention de maintenir le mariage ? De l’épouser ?
— C’est une question d’honneur.
— Ah bon ? Et tu peux me dire où était ton honneur quand tu me faisais croire que nous avions un avenir ensemble, au-delà de nos ébats et des chevaux ?
Il fronça les sourcils.
— Est‑ce que je t’ai déjà fait des promesses que je n’ai pas tenues ? S’enquit‑il.
— Non, mais je pensais que…
Elle tordit l’éponge qu’elle tenait encore à la main.
Du moins, poursuivit‑elle, j’espérais que nous finirions par nous marier. Et fonder une famille…
— Est‑ce que je ne t’ai pas dit, dès le départ, que je ne pourrais jamais t’épouser ?
La douleur était si intense qu’incapable de prononcer un mot elle se contenta de hocher la tête.
— Et que je n’aurais jamais d’enfant illégitime ! C’est pour cette raison que nous utilisons toujours des préservatifs.
Elle ne pouvait pas prendre la pilule, car elle ne la supportait pas. Or, les préservatifs n’étaient pas toujours infaillibles, ainsi qu’elle venait de l’apprendre ! Elle résista à l’envie de poser ses mains sur son ventre, comme pour protéger le bébé qui y grandissait…
Elle avait toujours eu un cycle irrégulier mais, la veille, elle avait fini par se demander vraiment si elle n’était pas enceinte. Elle avait alors acheté un test de grossesse, qu’elle avait fait ce matin, avant son jogging quotidien. Elle avait l’intention de l’annoncer à Xavier le soir même, au cours d’un dîner romantique en tête à tête. Elle aurait eu d’ici là le temps de trouver la formulation adaptée.
Mais à présent, tout avait changé, et aucune formulation ne pourrait rattraper la situation, s’il était résolu à en épouser une autre.
Atteinte dans sa fierté, elle répliqua avec colère :
— J’ai pourtant eu l’impression que tu avais changée d’avis quand tu as acheté cette maison en bordure de ta propriété et que tu m’as demandé de m’y installer. D’autant que tu m’accompagnais dans chaque ville où je courais les Grands Prix pour pouvoir coucher avec moi.
— Et aussi pour te voir chevaucher mes pur-sang. Ce sont trois investissements forts onéreux. J’ai adoré le temps que nous avons passé ensemble, Megan, et je continuerai d’en apprécier chaque moment que nous partagerons, jusqu’au dernier.
— Jusqu’à ce que tu me quittes pour elle, compléta-t‑elle, indignée. Ta fiancée doit avoir son mot à dire dans cette histoire, non ?
— Ma vie privée avant le mariage ne la regarde absolument pas. Comme je te l’ai dit, c’est une union arrangée. Ni Cécille ni moi ne nous faisons la moindre illusion sur un sentiment aussi éphémère que l’amour.
L’amour qu’elle nourrissait pour lui était tout sauf « éphémère », pensa-t‑elle alors. Il occupait une place immense dans son cœur, et elle ne pourrait jamais l’en déloger.
Xavier plia scrupuleusement sa serviette, puis il se leva et s’approcha d’elle. Elle avait du mal à regarder en face son beau visage aristocratique. L’absence de chaleur et de tendresse dans ses superbes yeux couleur émeraude, quand ils s’étaient posés sur elle, était insupportable. A cet instant, il avait vraiment l’air de l’homme d’affaires impitoyable que décrivaient les médias, et absolument pas de l’homme qu’elle croyait, de toute évidence à tort, amoureux d’elle. De l’homme qui la traitait comme un bijou précieux et magnifique et qui l’acceptait comme elle était, lui qui venait d’un monde bien plus sophistiqué que le sien.
Un costume italien d’une facture impeccable soulignait sa silhouette élancée, ainsi que les muscles puissants qu’il entretenait en sa compagnie, dans la salle de gymnastique qu’il avait fait installer à son intention. Il était prêt pour prendre l’hélicoptère qui l’emmènerait au siège des Parfums Alexandre, à Nice, tandis qu’elle se rendrait aux écuries de sa propriété.
Seulement, cette fois, quand il serait parti, elle ne passerait pas son temps à compter les heures, impatiente qu’il revienne, pas plus qu’elle ne rêverait à leurs étreintes passionnées, mais elle se rongerait les sangs en se demandant s’il était avec elle, la femme qu’il avait l’intention d’épouser, et qui n’était ni éphémère, ni temporaire.
Qu’allait‑-elle devenir ?
Agacé, Xavier poussa un lourd soupir.
— Megan, inutile de verser dans le mélodrame. Notre relation reste inchangée. Nous avons encore douze longs mois devant nous.
— Et tu crois que je vais continuer à coucher avec toi alors que tu es fiancée à une autre ? fit‑elle.
L’idée était tout bonnement inconcevable.
— Et après, qu’est‑ce qui se passera ? Poursuivit‑elle. Tu l’épouseras et tu m’oublieras, comme si je n’avais jamais existé ? Mais tout ce que nous avons partagé, Xavier, qu’en feras-tu ? Tu en détruiras le souvenir, comme on jette un costume démodé, ou un rasoir jetable ?
— Jamais je ne t’oublierai, ma belle amante américaine, dit‑il alors en la fixant d’un regard intense.
Puis il effleura sa joue…
Ce délicat contact la fit frissonner. Mécontente de sa réaction, elle recula d’un pas et s’efforça de respirer aussi calmement que possible. Elle ne parvenait pas à comprendre comment il pouvait la troubler à ce point après ce qu’il venait de lui annoncer ! Elle devait à tout prix se ressaisir.
— Et si je te demandais de choisir entre elle et moi ? demanda-t‑elle à brûle-pourpoint.
— Tu ne peux pas faire une chose pareille !
Son ton inflexible anéantit tout espoir en elle. L’idée que l’homme qu’elle aimait passionnément ait pu lui faire l’amour tout en projetant de lier son destin à une autre lui donnait envie de hurler ou de tout casser. Pourtant, elle n’était pas le genre de femme à piquer des colères.
Elle ne serait pas sa maîtresse, c’était exclu ! Elle ne se contenterait pas des miettes que sa future épouse voudrait bien lui laisser.
Et le bébé qu’elle portait ? Se demanda-t‑elle brusquement. Et sa carrière ? Et sa maison ?
Toute sa vie se trouvait bouleversée par ce mariage inattendu. La panique la saisit… Pourtant, elle ne devait pas y céder, mais s’efforcer au contraire de réfléchir, de trouver une solution pour sortir du guêpier, ce dont elle était incapable tant que Xavier la regardait. Elle reposa l’éponge sur l’évier.
— Je vais à l’écurie, déclara-t‑elle.
— Megan…Non, je ne veux plus parler de ça maintenant. Les chevaux et les clients m’attendent.
— A ce soir, alors, dit‑il.
Elle retint une repartie sarcastique. Pensait‑il vraiment la retrouver ce soir à la maison, partager tranquillement son dîner avec elle, puis lui faire l’amour, comme d’habitude, alors qu’elle serait obsédée par la pensée de cette autre à qui il allait unir sa vie ? Il n’en était pas question !
Sans un mot, elle regagna sa chambre pour se changer. Il ne chercha pas à la suivre, ce qui en disait long sur son état d’esprit. Elle troqua ses vêtements de jogging contre une tenue d’équitation. Ses cheveux étaient humides de transpiration, mais cela lui était égal. Elle n’avait de toute façon pas le temps de prendre une douche, calcula-t‑elle en enfilant ses bottes.
Elle remarqua alors que son téléphone portable clignotait, ce qui signifiait qu’elle avait reçu un nouveau message vocal. Incapable de l’écouter dans l’état d’agitation qui était le sien, elle fourra l’appareil dans la poche de sa veste, sans même vérifier qui l’avait appelée.
Elle se précipita ensuite hors de ce qui, ce matin encore, représentait pour elle un paradis, un cottage enchanteur qui faisait partie de la vie féerique qu’elle et Xavier s’étaient créée. Au loin, elle entendit les pales de l’hélicoptère. Xavier était déjà parti comme si cette journée — celle où il avait fracassé ses rêves et détruit sa vie — était pour lui parfaitement identique aux autres.
Elle parcourut la moitié du chemin qui menait à l’écurie, courant à perdre haleine, avant de s’arrêter pour reprendre sa respiration près d’un arbre, s’assurant que son feuillage la mettait à l’abri de l’hélicoptère. Elle s’adossa contre le tronc rugueux et essuya du revers de sa manche son visage mouillé : c’étaient des larmes, et non de la sueur… C’était aussi la première fois qu’elle pleurait depuis l’annonce de l’accident d’avion qui avait coûté la vie à sa famille.
Elle prit plusieurs longues respirations, sans parvenir à endiguer le flot de ses larmes. Elle était enceinte, et le seul homme qu’elle s’était autorisée à aimer, le père de son bébé, allait en épouser une autre…quel désastre !
En d’autres termes, cela signifiait qu’il ne voulait pas de cet enfant.
Et elle, le désirait‑elle toujours ?
Etant donné les circonstances — les nouvelles circonstances — elle ne savait plus…
Une partie d’elle avait envie de tenir dans ses bras la preuve de son amour pour Xavier. Mais sa partie rationnelle lui disait que les enfants et les Grands Prix ne formaient pas une combinaison gagnante. Seules quelques rares femmes jockeys parvenaient à articuler avec succès maternité et compétition, et elles y arrivaient grâce au concours de nourrices et de partenaires compréhensifs. Serait‑ce envisageable, sans l’aide de Xavier ?
Elle effectuait de longues journées et travaillait parfois sept jours sur sept, sans compter les déplacements éreintants. Quel genre de mère serait‑elle, avec un emploi du temps aussi infernal ? Son enfant en pâtirait forcément, puisqu’il n’aurait pas de père pour combler ses absences. Etre mère célibataire n’aurait rien de drôle et ne ressemblerait en rien à la joyeuse vie de bohême qu’elle avait menée avec ses parents et son frère, avant le crash de l’avion.
Continuer cette grossesse serait une incroyable gageure. Comment pourrait‑elle lui cacher son état si elle restait en France ? Elle était enceinte de deux mois et son gros ventre se verrait d’ici peu.
Essaierait‑il de la convaincre d’avorter, ou bien se battrait‑il pour obtenir, par principe, la garde de l’enfant ? Après tout, c’était aussi son bébé, et ce qui lui appartenait, il ne le cédait pas à autrui. Eprouverait‑il un sentiment de possession envers un enfant de l’amour non programmé ?
Peu importait. Elle ne prendrait pas le risque de voir son bébé élevé par sa femme, une personne qui ne l’aurait pas désiré et risquait fort de ne pas l’aimer, ni le chérir, voire d’éprouver du ressentiment envers lui.
Cela, elle l’avait vécu dans sa chair. Après la mort de sa famille, son enfance n’avait rien eu d’idyllique. Même si son oncle l’avait accueillie chez lui, il ne s’était pas privé de lui faire comprendre qu’elle était un fardeau et, surtout, l’enfant d’une femme qu’il n’avait jamais appréciée.
Et qu’adviendrait‑il du cottage, le chalet que Xavier avait achetée pour elle ? Même s’il le lui laissait, elle ne pourrait pas continuer à y habiter s’il en épousait une autre. D’autant que du cottage, elle jouissait d’une vue bien dégagée sur l’allée de la propriété de Xavier. Elle ne supporterait pas d’apercevoir, tous les jours, les allées et venues de sa femme : ce spectacle finirait de l’anéantir.
Elle se pencha en avant, plaquant ses mains sur ses genoux. Qu’allait‑elle faire ?
Elle sentit sa gorge se serrer. Elle devait impérativement se concentrer sur le présent, au lieu de s’inquiéter de ce qui risquait de se passer dans quelques mois. A chaque jour suffisait sa peine.
Cette grossesse non désirée, survenue à la suite d’un problème de contraception ne pouvait plus mal tomber. Elle était sur le point de réaliser son rêve, c’est‑à-dire devenir un jockey et un entraîneur de première catégorie en Europe. Non seulement ses chevaux accumulaient les prix, mais elle signait de plus en plus de contrats exclusifs. Elle entraînait une douzaine de bêtes par an. Elle avait la réputation d’être une femme sur qui on pouvait compter quand un cavalier se blessait et avait besoin d’être remplacé au pied levé.
Elle ne pourrait plus exercer son métier quand elle serait enceinte. Or, se retirer de la compétition le temps d’une grossesse signifiait perdre des classements et de l’argent sur les chevaux que lui confiaient d’autres propriétaires. Pourrait‑elle les reconquérir, après cette parenthèse ?
Se redressant avec lenteur, elle croisa les bras sur son ventre. Avorter serait la solution la plus simple, pensa-t‑elle, le cœur lourd. Mais le pouvait‑elle ? Elle n’en savait rien… Ses pensées se résumaient à un fouillis de rêves brisés.
Toutefois, qu’elle garde ou non le bébé relevait de sa propre décision. N’était‑-elle pas celle qui avait le plus à perdre ? Quant à Xavier… ce qu’il ignorait ne pourrait le blesser.
Tant qu’elle n’avait pas fait de choix, elle ne pouvait pas courir le risque que Xavier découvre sa grossesse. Par ailleurs, elle devait s’éloigner de son influence. Mais où aller ? Où se cacher ?
Avant de fuir pour panser ses blessures et réorganiser sa vie, elle devait régler la question des chevaux, ceux qu’elle possédait et ceux qu’elle entraînait pour d’autres propriétaires. Même si elle n’avait pas du tout prévu ce qui venait de lui arriver, elle restait avant tout professionnelle et souhaitait retrouver sa carrière après… après ce qui se passerait, en fonction de ses choix.
Elle sortit son téléphone, déterminée à régler les questions professionnelles afin de pouvoir se concentrer sur ses problèmes actuels. Le numéro d’Hannah s’afficha alors comme l’appel en absence qu’elle avait reçu tout à l’heure. Elle n’en fut pas surprise. Entre sa cousine et elle, il existait une sorte de télépathie : Hannah sentait toujours quand Megan avait besoin d’elle et elle la soutiendrait quelle que soit sa décision. Elle lui offrirait un refuge pendant qu’elle réfléchirait à son avenir.
Voilà qui résolvait le problème du logement, se dit‑elle. Il était temps de quitter l’Europe et de rentrer à la maison, en Caroline du Nord — l’Etat qu’elle avait fui une dizaine d’années auparavant — pour mettre autant de distance que possible entre elle et Xavier Alexandre.
Trois semaines venaient de s’écouler, et le silence de Xavier pesait lourdement sur Megan. Il ne lui avait pas donné la moindre nouvelle depuis qu’elle l’avait informé, par courrier électronique, de son retour aux Etats-Unis.
Elle avait pourtant attendu désespérément un signe de sa part. Ce qu’elle avait pu être naïve ! Elle avait cru qu’elle lui manquerait tellement qu’il viendrait la retrouver pour lui demander pardon… et lui demander sa main. Xavier était un battant, pas le genre d’homme à baisser les bras. Sa société était un des leaders internationaux du marché du parfum, ce qui témoignait de son ambition et de sa ténacité.
Il lui était difficile d’accepter que l’histoire d’amour la plus excitante qu’elle n’ait jamais vécue, avec un homme qu’elle avait cru parfait, appartienne au passé. Et puis, les circonstances de la rupture l’avaient profondément blessée ! Jamais elle n’aurait cru possible de souffrir à ce point.
Mais la vie réclamait son dû, et ce matin, c’était Hannah — et non Xavier — qui l’avait accompagnée à son premier rendez-vous prénatal, un moment doux-amer, où le bonheur se mêlait étroitement à la tristesse.
Elle n’avait jamais envisagé d’avoir des enfants. Mais ses plans avaient changé quelque part au-dessus de l’Atlantique, quand elle s’était rappelé la phrase préférée de la mère d’Hannah : « La fin d’une chose est toujours le début d’une autre. »
Enfant, ces paroles n’avaient pas grand sens pour elle, mais aujourd’hui, elles étaient tout à fait adaptées à sa situation. Le bébé marquait le début d’une nouvelle vie. A défaut d’avoir Xavier, elle aurait malgré tout sa propre famille.
Prochain chapitre, très bientôt.




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