Vertus
médicinales du plantain
On a mangé les jeunes feuilles
crues, ajoutées aux salades. Leur goût rappelle vaguement celui de champignons
auxquels on aurait ajouté une pointe d'oseille. Plus coriaces en vieillissant,
elles sont meilleures cuites à la manière des épinards. On a également mangé
les graines, réduites en farine et ajoutées à la pâte à pain ou à la soupe. À
noter qu'elles constituent un excellent aliment pour les oiseaux en cage, et,
on peut le supposer, pour nos oiseaux indigènes. Cueillez-en et mettez-les dans
la mangeoire l'hiver prochain.
Malgré
l'abondance de la plante en Amérique du Nord, les Amérindiens ne semblent pas
l'avoir beaucoup employée en cuisine. On sait que les Tanaina ainsi que
d'autres groupes indigènes de l'Alaska ont consommé les jeunes feuilles du Plantago
maritima et du Plantago
macrocarpa qu'ils
mangeaient crues ou cuites, souvent mélangées à de la graisse de poisson ou de
phoque et que, encore aujourd'hui, ils en font des conserves. Toutefois, on
croit que ces emplois sont relativement récents. D'ailleurs, les Tainaina n'ont
pas de nom pour cette plante.
Par voie interne, on dit que le
plantain est un excellent purificateur du sang, des poumons et de l'estomac. Il
soignerait l'hémophilie, la diarrhée, la dysenterie, les retards dans le
développement chez l'enfant, la tuberculose, les bronchites chroniques, la pharyngite,
la laryngite, les néphrites. Les graines ont été employées avec succès dans les
hémorragies utérines et celles du poumon. De leur côté, les Chinois emploient
ces dernières pour leurs propriétés diurétiques et éliminatrices de l'urée, de
l'acide urique et des chlorures - les déchets de l'organisme, quoi! En outre,
parce que les graines sont tellement nombreuses, ils les considéraient comme un
symbole de fertilité et croyaient que leur cueillette favorisait les
grossesses. On dit aussi qu'ils s'en servaient, avec de la graine de lin, pour
soigner la baisse du pouvoir sexuel chez l'homme. Mais bon, on le sait, les
Chinois ont à peu près tout utilisé à cet effet.
En
usage externe, on s'en est servi contre les conjonctivites, l'inflammation des
paupières, les plaies, coupures, ulcères de jambe, gingivites, dartres,
dermatoses croûteuses, pertes blanches. Ainsi que contre les morsures de
vipères et les piqûres d'insectes. Les vipères étant rares sous nos climats,
c'est contre les piqûres d'insectes qu'on l'apprécie tout particulièrement chez
nous. Piqûres d'abeilles, de guêpes, de frappes-à-barres, de brûlots, de
maringouins et, par temps orageux, de mouches domestiques ou de coccinelles,
qui oui, peuvent vous mordre sauvagement sous l'effet de la pression
atmosphérique. Pour soigner toutes ces petites blessures, il suffit de froisser
quelques feuilles et de les appliquer directement sur la partie touchée. Le
soulagement est quasi instantané.
On
affirme, en outre, que les feuilles froissées et appliquées sur les lésions
causées par l'herbe à la puce, les guérissent. « Ab-so-lu-ment! », me
dit Louise, une amie, qui a récemment soigné ainsi sa petite fille de deux ans,
ajoutant que, en quelques heures à peine, il n'y avait plus aucune trace de lésions.
Ça tient presque du miracle quand on sait combien il est difficile de se
débarrasser de cette dermatose.
Comme
on avait les deux mains dedans, Louise s'est également rappelé ce conseil que
sa mère lui avait donné après qu'elle se soit éraflé les genoux en chutant de
sa bicyclette : « Tu prends une feuille de plantain, tu la
« liches » et tu la colles sur le bobo.» Et voilà un pansement de
fortune qui ne passerait peut-être pas le test de l'inspection sanitaire, mais
qui est réellement efficace.
On
peut préparer une infusion, à raison de 10 g de feuilles pour 100 ml
d'eau, dont on boira 2 à 4 tasses par jour. Mais à cause de sa richesse en
mucilage, la plante se prête mieux à la macération (tout comme la mauve et la
guimauve). On fera donc bouillir une minute dans un litre d'eau 30 à 60 g
de feuilles, puis on laissera macérer toute la nuit. Boire un litre en 24
heures.
L'infusion
ou la macération convient également pour les usages externes, en gargarismes,
bains de bouche, lavages oculaires, compresses ou irrigations vaginales, selon
les indications.
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