vendredi 3 juin 2016

La religion est-elle essentielle à l'homme ?





La religion est-elle essentielle à l'homme ?
L’homme, pour être distingué de l’animal et être identifié comme être humain, est souvent définit comme « animal politique » ou « animal doué de raison ». En effet, l’homme peut réfléchir et anticiper : il a des représentations. L’animal, contrairement à cela suit son instinct et n’anticipe pas. Ainsi l’homme s’organise en société avec des institutions pour le gouverner, tandis que l’animal resté à l’état de nature, ne suit que son instinct et agit individuellement, ou au mieux en meute. Mais alors, est-ce que la religion est aussi un critère qui permet de distinguer l’être humain de l’animal ? Autrement dit est-ce que la religion fait partie essentiellement ou extrinsèquement de l’homme ? L’on pourrait le penser, car la religion apparaît comme un phénomène très ancien et l’on pourrait dire universel. En effet, elle est présente dans presque toutes les sociétés humaines. Mais alors, si la religion, est présente de tout temps et quelques soit les cultures, l’on peut alors se demander si elle n’entre pas dans la définition de l’Homme. Nous avons vu que l’homme se définit comme un animal « raisonnable », mais est-ce que cette définition est compatible avec celle qui nous occupe : l’homme comme animal religieux ?
Cela ne signifie évidemment pas que le Dieu des chrétiens (ou des juifs, ou des musulmans) constituerait un « progrès » par rapport aux esprits antérieurs : plus modestement, on peut seulement admettre qu'il comble des attentes ou des désirs plus complexes que ceux auxquels répondent les croyances animistes ou idolâtres. Si l'on croyait pouvoir admettre que la religion, sous prétexte qu'elle est très répandue, est essentielle à l'homme, on rencontre ici une première difficulté : l'humanité ne devrait-elle pas être divisée en différentes versions, dès lors que l'on constate que ses attitudes religieuses correspondent à des besoins différents ? Ce qui semble ouvrir la voie à toutes les hiérarchisations concevables - de l'homme le plus « primitif » à l'homme le plus « évolué » - prenant appui sur la complexité relative des croyances. Il paraît plus prudent d'admettre que ce qui est « essentiel », c'est le questionnement, le besoin de comprendre et d'expliquer des phénomènes, mais peut-être pas le type religieux de la réponse apportée. [C. Évolution des religions, ou de l'homme ?]Serait néanmoins concevable une histoire des croyances, évoluant du plus simple » au plus « ambitieux » : ce serait alors le même homme qui, au cours de sa propre histoire, passerait de l'animisme au monothéisme, et manifesterait ainsi que la religion fait bien partie de son « essence ». Mais un tel évolutionnisme, impliquant malgré tout la supériorité de l'état final sur l'état premier, encourage encore la hiérarchisation des sociétés. De surcroît, autrement dit, il semble porter une contradiction : comment une « essence - celle de l'homme - peut-elle se manifester toujours semblable à elle-même à travers des variantes historiques - celles de la religion ? Si l'on considère que l'histoire compte, elle doit modifier aussi l'homme : que devient alors son essence ?
Ainsi, il faut, dans l'étude de la nature, insister davantage sur l'âme que sur la matière, dans la mesure précisément selon laquelle c'est par l'âme que la matière est nature, et non l'inverse; en effet, le bois n'est lit et trépied, que parce qu'il est cela en puissance. »   L'âme, qui fait l'animalité, apparaît bien comme un principe animateur, qui distingue l'animal de la pierre. C'est en ceci qu'elle est au principe de l'animalité, et, par transitivité, au principe de l'homme.   Objections : Contre la rationalité comme différence spécifique : dira-t-on du fou ou de l’handicapé mental, tous deux irrationnels, qu'ils ne sont pas des hommes mais seulement des animaux ? Contre l'animalité comme genre : l'homme que des médecins réaniment n'est-il plus un animal, mais seulement l'égal d'une pierre, entre l'arrêt de ses fonctions vitales et le moment où il les retrouve ?   La méthode de la différence spécifique oppose par le biais de la rationalité l'homme à l'ensemble des autres animaux. Nous avons critiqué la rationalité. Nous nous interrogeons maintenant sur le bien-fondé de l'opposition elle-même. Remarquons que cette méthode oppose également l'animal (donc l'homme), au non-vivant, à ce qui n'est pas animé, par le biais d'un principe animateur : l'âme. On peut alors s'interroger, comme notre introduction l'a souligné, sur cette seconde opposition.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire